S ELON les études examinant la relation entre la vitesse de progression vers le SIDA et les polymorphismes génétiques, il semble que la plus forte susceptibilité de progression rapide est conférée par les allèles du groupe HLA-B*35 et l'allèle Cw*04. Toutefois, la molécule codée par l'allèle HLA-B*3501, le plus courant des sous-types d'HLA-B*35, présente correctement les antigènes du VIH1 aux lymphocytes T et déclenche bien une réponse des lymphocytes T cytotoxiques. Par conséquent, d'autres sous-types d'allèles HLA-B*35 pourraient être en cause.
Une équipe dirigée par Mary Carrington (National Cancer Institute, Frederick, MD) a examiné les données de 5 larges cohortes de patients infectés par le VIH (MACS, MHCS, HGDS, SFCC et ALIVE).
Les investigateurs ont effectué un génotypage des loci HLA de classe 1 chez 850 patients dont la date d'infection est connue. Ils confirment que les allèles HLA-B27 et, à un moindre degré, HLA-B57 confèrent une protection contre la progression du SIDA, tandis que HLA-B*35/Cw04 sont associés à une progression plus rapide. Comparés à ceux qui ne les portent pas, les sujets hétérozygotes pour ces allèles ont un risque de passage au SIDA majoré de 71 %, il est quintuplé chez les homozygotes.
Leur spécificité de liaison aux peptides
Les investigateurs ont examiné l'effet de chaque sous-type d'allèles HLA-B*35 sur le taux de progression. Ils ont été divisés en deux groupes en fonction de leur spécificité de liaison aux peptides : le groupe HLA-B*35-PY (HLA-B*3501 et B*3508) fixe les antigènes qui ont une proline en position 2 et une tyrosine en position 9 (« P » pour proline, « Y » pour tyrosine) ; le groupe HLA-B*35-Px (HLA-B*3502, B*3503, B*3504 et B*5301) lie aussi les antigènes avec une proline en position 2, mais peut fixer plusieurs acides amines en position 9, sauf la tyrosine (« x » indique aucune préférence).
L'allèle HLA-B*3501, le plus courant des sous-types HLA-B*35-PY, n'a aucun effet sur la progression vers le SIDA, chez les patients d'ethnie blanche ou noire. Chez les Blancs, l'effet de l'allèle HLA-B*35 sur la progression vers le SIDA peut être attribué entièrement aux sous-types HLA-B*3502 et B*3503 ; les deux allèles sont associés à une progression de 2,7 à 2,9 fois plus rapide. L'allèle HLA-B*5301 est significativement associé à une progression rapide chez les Noirs (RR = 2,11). Chez les patients porteurs d'un allèle HLA-B*35-PY, le taux de progression vers le SIDA est le même que chez ceux qui n'ont pas l'allèle HLA-B*35. Ceux qui ont un allèle HLA-B*35-Px ont une progression 2,69 fois plus rapide vers le SIDA que ceux qui n'ont pas l'allèle HLA-B*35. L'allèle HLA-cw*04, enfin, n'a pas d'effet sur la progression.
Ainsi, suggèrent les investigateurs, « la distinction essentielle entre les allèles HLA-B*35-PY et HLA-B*35-Px pourrait être la différence d'affinité pour la tyrosine en position 9 du peptide », et cette différence pourrait influencer l'efficacité avec laquelle les molécules HLA présentent les antigènes du VIH1 aux lymphocytes T cytotoxiques.
« Un traitement agressif pourrait être conseillé pour les patients qui portent les allèles HLA-B*35-Px (en particulier ceux nouvellement infectés) », ajoutent-ils. « Un test pourrait être développé pour détecter la présence ou l'absence de ces allèles HLA-B*35-Px et pourrait suffire en termes de typage HLA. »
« New England Journal of Medicine », 31 mai 2001, p. 1668.
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