On sait que la radiothérapie cérébrale est associée au déclin progressif de l'apprentissage et de la mémoire, lié à un arrêt de la neurogenèse.
« Cela suggère que si la production de neurones pouvait être réactivée, on pourrait améliorer les problèmes de mémoire qui affectent certains patients après le succès thérapeutique de leur cancer », explique au « Quotidien » le Dr Theo Palmer (université de Stanford, Californie).
Une question est posée : l'inflammation chronique, induite par la lésion radique, pourrait-elle contribuer à inhiber la neurogenèse ?
L'équipe du Dr Palmer a étudié cette question dans deux modèles animaux de neuro-inflammation : l'injection systémique de l'endotoxine LPS bactérienne, qui induit une inflammation généralisée, et l'irradiation cérébrale.
« Nos résultats indiquent que l'inflammation elle-même peut supprimer la neurogenèse », rapportent-ils, « et l'inflammation chronique consécutive à la radiothérapie contribue à la dysfonction des cellules souches neurales qui est liée au déclin progressif postradique de l'apprentissage et de la mémoire ». De plus, l'indométacine restaure efficacement la neurogenèse dans les deux modèles de neuro-inflammation (de façon partielle dans l'inflammation postradique). « Cette efficacité pour bloquer les effets négatifs de l'inflammation sur la neurogenèse est inattendue », souligne le Dr Palmer. En effet, c'est en opposition avec les anti-inflammatoires stéroïdiens (corticoïdes) qui, s'ils contrôlent efficacement l'inflammation du SNC, inhibent puissamment la neurogenèse chez les rongeurs ; et qui seraient donc fortement contre-indiqués si l'objectif thérapeutique était d'augmenter la neurogenèse.
Il reste à savoir si cet effet des AINS sur la neurogenèse peut retentir sur le déficit cognitif. « Il nous reste à montrer que cela résulte réellement en une meilleure cognition », note le Dr Palmer.
Une réponse neuro-inflammatoire
« Des études sont en cours pour évaluer le résultat fonctionnel chez les rats et elles se montrent prometteuses. Mais il faudra attendre de savoir si les AINS sont également bénéfiques chez les patients, et si leur administration en conjonction avec d'autres traitements indispensables ne pose aucun problème. C'est particulièrement important dans le traitement du cancer, car les AINS peuvent compliquer l'utilisation ou réduire l'efficacité des puissants agents anticancéreux. »
« Un certain nombre de lésions et de maladies du cerveau s'accompagnent d'une réponse neuro-inflammatoire et nous sommes optimistes sur le fait qu'une modulation prudente de la réponse immune pourrait améliorer l'évolution dans une large gamme de lésions », explique-t-il au « Quotidien ». « Toutefois, on ne sait pas encore dans quelle mesure les améliorations fonctionnelles seront dues à la neurogenèse régénérative ou simplement à la réduction des dégâts immunitaires sur le tissu cérébral préexistant. »
« Science », 14 novembre 2003, p. 1215, et sciencexpress.org.
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