Les conséquences sur l'exportation du couteau suisse, dues aux mesures qui ont suivi la tragédie du 11 septembre, n'étaient rien par rapport à la « tragédie » qui s'est abattue sur ce gentil pays neutre : la faillite de sa compagnie aérienne nationale, Swissair, et le « mardi noir » d'il y a une semaine, où les avions de la Swissair furent cloués sur les tarmacs de Genève-Cointrin et de Zurich-Kloten après le refus des pétroliers de les fournir en kérosène, que la compagnie ne pouvait plus payer.
Le gouvernement avait bien proposé de remettre de l'argent dans ce trou, à condition que les banques en fassent autant. Pendant 24 heures, ces mêmes banques, qui avaient pourtant participé au renflouement de SairGroup, firent le silence radio. Pourquoi alors s'étaient-elles intéressées à Swissair, qui devait être reprise par sa filiale, Crossair ? En cascade, Swissair abandonnait la compagnie belge Sabena, dont elle détenait 49,5 % des actions, dans l'impossibilité de verser à l'Etat belge les 200 millions de francs suisses pour se désengager de Sabena. Quant à sa dette envers AOM-Air Liberté en France (250 millions de francs français), il n'était plus question de la rembourser.
Un krach psychologique pour les Suisses. Une « humiliation nationale », disait un membre du gouvernement confédéral. Dans son éditorial, « le Temps » de Genève écrivait carrément (le 3/10) : « Nous sommes plongés dans le symbole national, dans l'image de la Suisse et, partant, nous sommes en pleine politique. » Comme un gratte-ciel - mais heureusement sans faire de victimes -, l'image nationale suisse s'est effondrée, laissant dans les aéroports des dizaines de milliers de voyageurs qui avaient fait confiance dans l'inoxydable Swissair, dont ils ne pouvaient même plus échanger les billets (200 000 seraient dans la nature) auprès des autres compagnies ! Honte et indignité !
Dans un autre article du « Temps », bien plus virulent, celui de Joëlle Kuntz, il est écrit que les autorités suisses ont laissé faire les banques, comme pour les dettes morales de la Seconde Guerre mondiale. Et la journaliste de demander : « Quand il n'y aura plus d'avions suisses, de trains suisses, de poste suisse, de télévision suisse, il restera une armée suisse pour se défendre. Contre qui ? Les marchés ? »
Et elle conclut que, pour exister, la Suisse n'a que la solution de rejoindre les Quinze de l'Europe, selon des modalités à définir, au lieu de camper « sur la fière indépendance d'une politique sans lendemain ». Là-bas aussi, le réveil (suisse) est rude !
Les ailes du délire
Publié le 08/10/2001
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Source : lequotidiendumedecin.fr: 6984
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