De notre envoyée spéciale
Un immense coeur transpercé d'une flèche bleu, blanc, rouge s'imprime dans le ciel de Salon-de-Provence. La Patrouille de France (PAF), orchestrée par le commandant Christophe Giraud, achève son premier ballet de présentation. Aux commandes de leur Alphajet, les huit pilotes de l'équipe 2003 viennent de donner le top de départ d'une année importante : pour ses 50 ans, la PAF a décidé de parrainer la Croix-Rouge française.
Avant la commémoration officielle du samedi 17 mai, qui aura lieu ici-même sur la base aérienne de Salon-de-Provence, en présence du président de la République, le général Richard Wolstztynski, chef d'état-major de l'Armée de l'air, et le Pr Marc Gentilini, président de la Croix-Rouge, sont venus sceller ce parrainage.
C'est une première. « D'habitude, nous sommes parrainés, explique le général Wolstztynski. Le choix s'est fait naturellement. La Croix-Rouge française et la Patrouille de France et, à travers elle, l'armée de l'air, sont souvent ensemble sur les mêmes sites, même si, et c'est une évidence, les pilotes ont plutôt tendance à être en haut dans le ciel, alors que les personnels de la Croix-Rouge portent assistance au sol. » Au-delà de cette simple similitude, ce sont surtout des valeurs humaines et de générosité que l'alliance entre les prestigieuses ailes françaises et le premier organisme d'assistance à but non lucratif entend célébrer. Ces « valeurs communes qui nous animent : l'esprit d'équipe, le don de soi, le sens du service fondent la reconnaissance que nous porte la population française ».
Le Pr Marc Gentilini se dit profondément touché. A titre personnel d'abord, lui qui a été, dans les années 1958-1959, médecin-chef d'une toute petite base aérienne française à Gao (Mali), avoue son admiration pour ces pilotes exemplaires : « Je rencontre beaucoup de situations dramatiques, beaucoup de gens meurtris. Ces hommes engagés qui construisent leur vie et qui servent sont pour moi une source de réconfort. » En tant que président de la Croix-Rouge, il voit dans le choix fait par la PAF « un hommage rendu au travail que nous essayons de faire ». Il rappelle les liens historiques qui unissent l'armée et la Croix-Rouge. Organisme d'assistance à but non lucratif, « nous sommes auxiliaires des pouvoirs publics et donc, quelque part, auxiliaires du Service de santé des armées », précise-t-il.
Humanitaire et militaire
Et si le principe d'une assistance neutre aux blessés est né de l'horreur provoquée chez Henri Dunant par le spectacle sanglant du champ de bataille de Solférino (1859), l'humanitaire et le militaire ne sont pas, de son point de vue, incompatibles. « Ils sont malheureusement complémentaires. Sans la présence et parfois le sacrifice des militaires, les humanitaires ne peuvent atteindre leurs victimes. L'armée ne tue pas pour le plaisir de tuer. Elle est de plus en plus consciente du mal qu'est la guerre et de la nécessité de réparer les dégâts le plus rapidement possible. Son appui peut-être décisif dans les situations de guérilla, par exemple, et son apport logistique est essentiel pour acheminer les vivres, porter secours ou enlever les blessés. » En temps de guerre, la Croix-Rouge est présente par l'intermédiaire du CICR (Comité international de la Croix-Rouge) qui est doté d'un statut d'observateur permanent des Nations unies. « Etre présent sur un terrain de guerre, permet de rappeler aux belligérants les règles des conventions de Genève. Même en temps de guerre, on ne peut pas tout faire, et c'est la base du droit humanitaire. Nous disposons aujourd'hui d'outils de répression pour ceux qui ne respectent pas les règles : les tribunaux internationaux, même si certains, comme les Etats-Unis, ne les reconnaissent pas. »
La guerre en Irak, qui a suscité des polémiques quant au rôle des humanitaires, reste bien sûr présente dans les esprits : « La critique systématique ne résout pas les problèmes. Les populations ne s'y trompent pas quand elles demandent, comme à Bagdad, de rétablir l'ordre. Les corridors réservés à l'humanitaire doivent d'abord être sécurisés. »
Pendant un an, l'histoire de la Croix-Rouge rejoindra donc de nouveau celle de l'aviation. Et c'est avec nostalgie et fierté, nous assure-t-on, que les survivantes du corps des infirmières pilotes secouristes de l'air (IPSA) qui, de 1934 à 1984, ont signé les plus belles pages de la CRF et de la grande époque de l'aviation ont accueilli cette nouvelle. Alors même que l'aviation était balbutiante, ces pionnières avaient opté pour les airs. Elles ont servi en France, en Afrique du Nord et en Indochine et excellaient dans l'art du parachutisme. En 1945, ne pouvant pas voler, elles ont donné leur pleine mesure sous les bombardements, dans les ambulances militaires.
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