RUDE APRÈS-MIDI pour le secrétaire général des ministères sociaux, Jean-Marie Bertrand, invité vendredi à la première journée des Tribunes libérales de la Fédération des médecins de France (FMF), à Charenton, près de Paris. Soumis au feu nourri des questions d'une quarantaine de cadres syndicaux de la FMF assez inquiets au vu du projet de loi Hôpital, patients, santé et territoires, l'artisan de la réforme des agences régionales de santé (ARS) s'est efforcé de rassurer et d'éclaircir patiemment certains points, «dans la limite de ses compétences».
Jean-Marie Bertrand a tenté notamment de chasser certaines peurs en relayant quelques messages déjà martelés par la ministre de la Santé. «L'ARS ne doit être vue ni comme une démarche d'étatisation ni comme une démarche de privatisation», a-t-il assuré aux médecins libéraux de la FMF, qui l'ont aussitôt un peu chahuté pour manifester leur scepticisme. De toute façon, a-t-il nuancé, «le rôle de l'assurance-maladie n'a jamais été de piloter le système de santé, c'est le rôle de l'État d'exercer le pilotage».
Regroupant à la fois des agents de la Sécu et des fonctionnaires des services sanitaires et sociaux de l'État (DRASS et DDASS), les ARS «ne laisseront personne sur le carreau en termes d'emplois». Jean-Marie Bertrand estime donc que les effectifs des ARS totaliseront «10000 personnes en 2010», dont 80 % viendront des DDASS et DRASS actuelles et 20 % des organismes d'assurance-maladie.
Génie sanitaire.
«Ensuite, les effectifs devront diminuer», selon lui, et ce pour deux raisons. D'une part, les ARS ne couperont pas à la règle du non-remplacement d'un départ à la retraite sur deux (révision générale des politiques publiques ou RGPP oblige). D'autre part, les métiers devront évoluer au sein des ARS pour lâcher certaines compétences environnementales des anciennes DDASS et DRASS, au profit d'une plus grande spécialisation en «génie sanitaire», par exemple.
En outre, les ARS «mettront en place une politique d'incitation dans les zones de désertification», mais il n'y aura «pas de remise en cause de la liberté d'installation», a promis Jean-Marie Bertrand. Quid du SROS (schéma régional d'organisation sanitaire) prévu en ambulatoire sur le modèle de ce qui est fait jusqu'à présent pour le tissu hospitalier ? Le gouvernement a «rendu un arbitrage clair: le SROS ambulatoire n'est pas opposable». Conscient qu'il constitue un «point sensible» du projet de loi, Jean-Marie Bertrand a défendu le SROS comme un «outil», «un schéma de référence» quand même nécessaire à partager avec les professionnels de santé. Dans ce cadre, ce haut fonctionnaire «ne voit pas pourquoi les spécialistes libéraux n'auraient pas toute leur place», infirmant certains doutes exprimés par des militants FMF.
Après l'annonce du plan d'aide Hôpital 2012 par le gouvernement (voir aussi ci-contre), Jean-Marie Bertrand a été titillé par Benoît Feger, président FMF de l'union régionale des médecins libéraux de Bretagne : «Tant de millions débarquent dans les hôpitaux qui sont en déficit, a-t-il lancé. Pendant ce temps, ma clinique est toujours à la limite du dépôt de bilan! L'État a toujours tendance à renforcer le secteur public et non le secteur privé!» Sans trop s'avancer sur ce sujet polémique, le secrétaire général des ministères sociaux a argué que les ARS, en recherche permanente d'efficience, devront faire faire de «gros efforts» à l'hôpital public en la matière…
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