La fertilité masculine sous influence

Les AG saturés altèrent la qualité du sperme

Publié le 13/12/2012
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LA NUTRITION exerce-t-elle une influence sur la fertilité masculine ? Selon des médecins de Boston, une forte consommation d’acides gras saturés (AGS) est associée à une oligospermie, tandis qu’une alimentation riche en oméga-3 (ω-3) semble plutôt bénéfique, étant corrélée, quant à elle, à une réduction des anomalies morphologiques des spermatozoïdes.

« Si les hommes modifiaient leur alimentation, ils amélioreraient non seulement leur état de santé mais aussi leur fonction reproductrice », affirme le Pr Jill Attaman (Harvard Medical School), dont l’équipe a analysé, chez 99 hommes ayant consulté dans un centre de procréation médicalement assistée, les effets du régime alimentaire (131 aliments étudiés) sur le compte total de spermatozoïdes (spz) et sur la concentration spermatique.

Une majorité des participants (âgés en moyenne de 36 ans) étaient en surpoids ou obèses (plus de 70 %). Le sperme était normal chez 41 sujets (41 %), mais 12 % des participants avaient une concentration spermatique ‹ 20 millions/ml*, et les spz présentaient une morphologie anormale chez 32 % d’entre eux. Il existait des anomalies de la mobilité des spz chez 53 % des sujets.

Le tiers des hommes à plus forte consommation de lipides avaient un compte total de spz inférieur de 43 % et une concentration spermatique inférieure de 38 % par rapport au tiers en consommant le moins. Cette association semble rattachée à l’apport en AGS car le groupe consommant le plus de graisses saturées avait un compte inférieur de 35 % et une concentration en spz inférieure de 38 % par rapport à ceux en consommant le moins. On retrouve, en revanche 1,9 % moins d’anomalies morphologiques des spz dans le tiers des hommes à alimentation riche en ω-3 par rapport au tiers à consommation pauvre en ω-3.

L’influence de l’alimentation sur la fertilité masculine était déjà suspectée mais sans avoir jamais été prouvée. Seuls certains facteurs de risque étaient identifiés de manière claire, tels que le tabagisme, la forte consommation de cannabis ou l’alcool. Cette étude est la plus importante, à ce jour, sur l’association entre lipides et fertilité. Les chercheurs soulignent toutefois « la nécessité de reproduire ces résultats compte tenu du caractère transversal de cette étude ».

Human Reproduction, 2012.

* Un spermogramme normal correspond à un compte total de spermatozoïdes dans l’éjaculat d’au moins 39 millions et à une concentration d’au moins 15 millions/ml.

 Dr B. G.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9206