Il s'agit déjà d'un bon point de départ : selon l'étude ICAPS (intervention auprès des collégiens centrée sur l'activité physique et le comportement sédentaire), les adolescents ont une bonne appréciation de l'activité physique. Pour les élèves interrogés dans les huit collèges du Bas-Rhin, lieu de l'étude, le sport, « c'est chouette » (87 %), cela « donne de l'énergie » (82 %), « c'est bon pour la santé » (94 %) et c'est « l'occasion de se faire des amis » (74 %). Seulement 44 % des collégiens considèrent que c'est fatigant.
L'étude ICAPS associe trois unités de recherche de l'université Louis-Pasteur de Strasbourg, en partenariat avec le conseil général du Bas-Rhin, l'INSERM, la caisse régionale d'assurance-maladie d'Alsace-Moselle, la direction régionale de l'Action sanitaire et sociale et l'inspection académique du Bas-Rhin.
Elle est menée depuis septembre 2002 sur 1 000 élèves entrés en 6e à la rentrée 2002, qui seront suivis pendant quatre ans. Ces jeunes ont été répartis en deux groupes. Dans le premier, les élèves bénéficient d'interventions destinées à augmenter leur niveau d'activité physique, tandis que ceux du second groupe conservent leur rythme habituel d'activités et servent de population témoin.
Afin de comparer l'évolution des deux groupes, l'étude s'appuie sur un suivi identique et longitudinal de tous les élèves, avec le recueil annuel d'informations tels les habitudes alimentaires et les comportements sédentaires. Un bref examen médical (poids, taille, masse grasse, pression artérielle) est réalisé chaque année et un bilan sanguin, tous les deux ans.
Excès de poids et risque vasculaire
L'étude ICAPS confirme tout d'abord la fréquence élevée de l'excès de poids en Alsace : près d'un quart des adolescents bas-rhinois de 12 ans sont en excès de poids, chiffre nettement supérieur à la moyenne nationale qui est de l'ordre de 14 à 15 %. Elle permet par ailleurs de pointer clairement une relation inverse entre le niveau de pratique d'activité physique et le risque de présenter un excès de poids. Le pourcentage d'adolescents présentant un excès de poids s'élève à 19 % parmi ceux qui pratiquent une activité sportive, contre 29 % parmi ceux qui ne font pas de sport. Le taux d'insuline plasmatique monte à 8,4 UI/ml chez les adolescents sportifs et à 11,2 chez les non-sportifs.
En outre, l'étude démontre que l'activité physique a chez l'enfant un effet favorable sur la santé, notamment sur le plan sanguin, indépendamment de ses effets sur le poids.
Autre observation : plus l'enfant pratique une activité physique, plus son risque métabolique et vasculaire est faible. A l'inverse, plus il regarde la télévision, plus le risque est élevé. La seule présence de la télévision dans la chambre des adolescents (cela concerne 45 % des ados) est associée à un risque accru.
Si, dans leur majorité, les adolescents affirment qu'ils aiment le sport, le temps qu'ils lui consacrent est faible par rapport au temps qu'ils réservent aux loisirs sédentaires : ils font en moyenne deux heures par semaine d'activités physiques structurées en dehors de l'école, alors qu'ils passent deux heures par jour devant la télévision et quarante-cinq minutes par jour devant leur console de jeu ou ordinateur. Un tiers seulement des adolescents se rendent à pied ou à vélo au collège, et à peine plus de la moitié (54 %) pratiquent une activité physique régulière en dehors du collège, en association ou en club.
Les principales raisons invoquées par ceux qui ne font pas de sport sont l'absence de désir de faire de la compétition (29 %) ou les contraintes liées aux horaires et à l'éloignement des lieux de sport. Toutefois, les deux tiers des adolescents déclarent souhaiter faire plus de sport, qu'ils en pratiquent déjà ou non.
L'étude ICAPS a l'avantage de montrer qu'il est possible d'infléchir les comportements des adolescents en les engageant vers des activités sportives. Après six mois d'action, l'évolution des comportements vis-à-vis de l'activité physique a pu être évaluée chez 80 % des adolescents. Parmi les adolescents sensibilisés au sport, la proportion de ceux ne faisant pas d'activité physique en dehors du collège a été réduite de moitié, de façon encore plus nette chez les filles. En revanche, les adolescents témoins manifestent une moindre confiance en eux quant à leur capacité à faire de l'activité physique. Sans incitation, l'adolescent se tourne naturellement vers le petit écran ou celui de son ordinateur.
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