PARVENUE au terme de son mandat de défenseure des enfants, Claire Brisset, a choisi de prendre la plume pour « rendre justice aux enfants », comme le dit le titre de son livre préfacé par le Pr Marcel Rufo, à paraître aux éditions Anne Carrière le 2 mai.
Les enfants d’aujourd’hui ont souvent affaire à la justice. La résidence alternée, lors de divorces, n’en finit pas de faire des ravages. Les enfants victimes, martyrisés par leurs parents ou par des pédophiles de rencontre, ne sont guère mieux protégés par le système judiciaire. Quant aux mineurs délinquants, la société, là encore, ne sait pas toujours les mettre sur le bon chemin et, dans tous les cas, les moyens font défaut. Un pays qui ne consacre même pas 2 % de son budget à sa propre justice devrait évidemment mettre en question les priorités politiques qu’il s’est fixées, suggère l’auteure. Bien sûr, il reste l’ultime interpellation : ceux qui rendent la justice, les magistrats, dont les affaires récentes remettent si violemment en cause leur travail, sont-ils suffisamment préparés à juger autrui ?
Pour Claire Brisset, qui quittera ses fonctions le 3 mai, après six années d’activité, «la justice ne peut pas continuer de fonctionner avec 2% du budget de l’Etat, dans une société qui judiciarise de plus en plus de questions. La protection judiciaire de la jeunesse, qui est très importante pour éviter le recours à la prison, est une institution en dépression chronique».
La « situation catastrophique de la pédopsychiatrie ».
La défenseure des enfants a déploré par ailleurs une nouvelle fois, lors de ses adieux devant la presse, la pénurie de prises en charge en pédopsychiatrie. «Je n’ai pas été entendue à propos de la situation catastrophique de la pédopsychiatrie: qu’il y ait des enfants en souffrance psychique à qui on dit “Revenez dans un an” , c’est un problème majeur de santé publique», souligne-t-elle.
Certes, des progrès ont été accomplis ces dernières années, comme «la pénalisation des clients de prostitués mineurs» ou le fait que l’âge minimal du mariage des filles ait été porté à 18 ans, pour lutter contre les unions forcées.
Pour ce qui est de la réforme de la protection de l’enfance, en cours de préparation et qui renforce la prévention, elle «va dans le bon sens», juge aussi Claire Brisset, tout en regrettant l’absence d’un cahier des charges pour harmoniser les pratiques des départements. Enfin, à propos des saisines directes du défenseur des enfants, l’ex-journaliste, ancienne porte-parole de l’Unicef, s’est félicitée d’avoir obtenu «un résultat favorable» pour la moitié des 12 000 dossiers d’enfants traités en six ans.
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