De Silas au silastic
Mises au point par Franck Gerow et Thomas Cronin, de Houston (Texas, Etats-Unis), dès le début des années 1960, ces prothèses sont le corollaire des travaux accomplis chez Dow Chemical par Silas Braley. Celui-ci a laissé son nom au Silastic, aussi bien pour le gel que pour l’enveloppe élastique le contenant.
Aujourd’hui, les chirurgiens disposent de deux types d’implants (prothèses) : ceux contenant du gel de silicone et ceux préremplis ou gonflables par du sérum physiologique, la quasi-totalité des produits de remplacement, comme l’huile de soja, ayant été abandonnée. Récemment, le gel « cohésif » a remplacé dans un certain nombre de cas le gel liquide, sa qualité première étant la disparition de l’écoulement en cas de ruptures (devenues rarissimes) des prothèses.
Prothèses anatomiques
Si la plupart des prothèses sont rondes, plus ou moins projetées, depuis peu, des prothèses dites anatomiques (contenant du gel cohésif) ont vu le jour. Elles sont plus hautes que larges et plus volumineuses en bas. Les rondes sont placées, selon les auteurs, en rétroglandulaire ou en rétropectoral, dans des loges importantes, alors que les anatomiques ne doivent être implantées que dans des loges ne dépassant pas leurs contours.
Les voies d’abord utilisées, aréolaires, axillaires ou sous-mammaires, ont chacune leurs adeptes, et l’on peut citer pour mémoire la voie ombilicale, quasi abandonnée.
Si les premières prothèses étaient à surface lisse, depuis le milieu des années 1980, celles à surface texturée ont fait leur apparition et rencontrent un très franc succès.
Actuellement, les prothèses à surface texturée, rondes, plus ou moins projetées et remplies de gel de silicone semblent avoir la faveur d’une bonne partie des orateurs, comme des chirurgiens participants.
En France, le pourcentage des chirurgiens les utilisant, depuis la levée du moratoire (en 2000), les ayant interdites pendant huit ans, pour incriminations pathologiques jamais prouvées, est de 93 %.
Coques fibreuses
A Chicago comme à Paris, la totalité des complications a été évoquée et leurs solutions ont été envisagées. Les plus fréquentes et les plus gênantes, les redoutables et parfois si déformantes coques fibreuses, doivent être enlevées en totalité (photo n° 1).
Le remplacement des anciennes prothèses par celles à surface texturée, après hémostase très soigneuse et si besoin après élargissement des loges par des volumes (un peu) plus importants, est le plus souvent réalisé.
Le dégonflement des prothèses gonflables connaît la même thérapie et nous conseillons de le faire (remplacement et ablation des coques) des deux côtés, afin d’éviter une deuxième anesthésie.
L’apparition de ces prothèses à surface texturée (photo n° 3) a coïncidé avec la nette augmentation des ruptures des anciennes prothèses, à surface lisse et à paroi très fine, par usure (photo n° 2). D’où la facile extrapolation du changement des unes par les autres. L’évaluation approximative des dix ans pouvait se comprendre. Mais tout a changé avec les nouvelles, à paroi plus épaisse.
L’examen clinique et radiologique, pouvant déceler une éventuelle fissure, est primordial. Les réinterventions doivent être bien expliquées aux futures opérées, la bonne relation chirurgien-patiente étant à la base d’une bonne gestion des éventuels problèmes médico-légaux.
Information et surveillance
Les complications inesthétiques des gonflables ou préremplies de sérum ont été longuement évoquées. Les très disgracieuses vagues, l’aspect cartonné et la si désagréable sensation au toucher, avec souvent des malpositions, aussi bien en pré- qu’en rétropectoral (photo n° 4), nécessitent un changement rapide, pour éviter les troubles psychologiques pouvant en résulter. Là aussi, une explication, détaillée, avec photos ou brochures à l’appui, est indispensable. Une deuxième ou troisième consultation préopératoire est souvent très utile.
Les troubles de la sensibilité des mamelons semblent bien moins fréquents. Leur éventualité doit quand même être évoquée avant l’intervention.
Les douleurs sont dans les trois quarts des cas physiologiques, en rapport avec les cycles menstruels. Un facteur psychologique est évoqué dans le quart restant.
Voies d’abord
Les Américaines ne semblent pas gênées par le grand pourcentage de voies d’abord sous-mammaires, souvent pour des implants anatomiques à gel cohésif, lesquels peuvent s’horizontaliser. D’où la nécessité de réintervention, changement et agrandissement de la voie d’abord, etc.
La voie axillaire, certes la plus discrète, est suivie d’un nombre de complications (coques) identiques.
Les explantations, dans ces cas, imposent une nouvelle voie d’abord, aréolaire ou sous-mammaire !
Si, dans l’ensemble, les orateurs ont opté pour des implants plus grands, Amérique oblige, avec « bigger is better » (photos nos 5 et 6) comme emblème, il nous semble inadmissible d’imposer à la patiente, pour des petites et même des moyennes ptôses, un remodelage, avec ses importantes cicatrices résiduelles définitives, alors que ces patientes ne demandent qu’une augmentation de volume.
Le grand intérêt porté aux prothèses de seins par les chirurgiens et les chercheurs s’explique par l’augmentation quasi exponentielle des demandes, lesquelles sont confortées par les importantes améliorations (consistance, aspect naturel des seins, quasi-disparition des complications) apportées par ces implants (photos nos 7 et 8).
Le confort psychologique des opérées est parmi les plus évidents de tous les actes de chirurgie esthétique.
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