Enquête européenne auprès des jeunes

Les achats illicites de tabac restent fréquents

Publié le 28/05/2008
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LES PREMIERS résultats de l'enquête ESPAD (European School Survey on Alcohol and Other Drugs) confirment la baisse du tabagisme chez les jeunes. Cependant, la part des gros fumeurs reste stable et l'expérimentation de chicha (narguilé) est une pratique courante.

Cette enquête quadriennale, menée en milieu scolaire dans plus de 35 pays européens, interroge les usages, attitudes et opinions relatifs aux substances psychoactives.

En France, elle est conduite sous la responsabilité scientifique de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) et de l'unité 669 de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM). Après celles de 1999, puis de 2003, une nouvelle enquête a été réalisée en 2007 dans 202 établissements.

Les premiers résultats publiés à l'occasion de la Journée mondiale sans tabac du 31 mai portent sur un échantillon de 2 950 élèves.

La baisse du tabagisme des jeunes, déjà observée en 2003, se confirme. À 16 ans, six adolescents sur dix (58 % des garçons et 61 % des filles) déclarent avoir fumé une cigarette au cours de leur vie : ils étaient près de huit sur dix en 1999 (79 % des filles et 75 % des garçons). L'usage quotidien de tabac est également en net recul : il est passé de 31 % en 1999 à 17 % en 2007.

Moins de fumeurs quotidiens.

La baisse est surtout le fait des fumeurs quotidiens qui consomment moins de dix cigarettes par jour. Leur part a été réduite de moitié depuis 1999, passant en huit ans de 25 à 12 %.

En revanche, la part des gros fumeurs (plus de 10 cigarettes) est restée stable, entre 5 et 6 %, ce qui souligne «la difficulté de modifier le comportement des fumeurs les plus dépendants», soulignent les auteurs.

La chicha (narguilé) est prisée chez les jeunes : un adolescent de 16 ans sur trois déclare avoir déjà consommé du tabac à l'aide d'un narguilé (les filles autant que les garçons). Néanmoins, seulement 4 % d'entre eux affirment n'avoir expérimenté le tabac qu'avec un narguilé.

Pour la première fois, l'enquête ESPAD permet de mesurer la proportion d'achats réalisés en deçà de l'âge légal (16 ans). L'interdiction de vente, entrée en vigueur en septembre 2004, semble ne pas poser de difficulté d'approvisionnement aux plus jeunes : 86 % des fumeurs quotidiens de 15 ans reconnaissent avoir acheté des cigarettes dans un débit de tabac au cours des 30 derniers jours (à 14 ans, ils sont encore 75 % dans ce cas). Les achats illicites restent fréquents, ce qui montre que la mesure présentée comme une mesure emblématique est relativement mal appliquée, surtout auprès des jeunes qui ont presque l'âge légal.

Toutefois, la perception que le tabac est un produit facilement accessible est en forte régression. Si, en 1999, 87 % des jeunes de 16 ans estimaient qu'il leur serait facile de se procurer des cigarettes, ils n'étaient que 66 % à le penser en 2007.

> Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8380