Voilà la dernière en date de la CPAM de Bayonne ! Je viens de recevoir un courrier où le médecin-chef de la CPAM de Bayonne m’accuse d’enfreindre la loi sur la prescription du Crestor pour plusieurs de mes patients sans les citer. Il me promet une action contentieuse en cas de récidive et m’informe d’une mise sous surveillance.
Là, une crise d’angoisse me saisit : je suis atteinte de la maladie d’Alzheimer ou bien j’ai fait un ictus amnésique répétitif ou encore un AVC ? En effet, j’étais sûre et certaine de ne jamais avoir instauré de traitement par cette molécule depuis novembre 2014.
J’appelle non sans mal la CPAM et, bien sûr, le médecin-chef était injoignable avant le lundi suivant (on était le vendredi à 13 heures). Je fais part de mon courroux à la secrétaire et, du coup, le médecin-chef (injoignable !) me rappelle à 15 heures. Il m’explique que toute interruption de délivrance par une pharmacie du département de la fameuse molécule de plus de six mois égale un arrêt de traitement et que, donc, il faut remplir un protocole, etc., etc. Le fait d’avoir régulièrement, tous les trois mois, remis une ordonnance de Crestor à mon patient n’a aucune valeur. J’ai la preuve de cette délivrance d’ordonnance car nous effectuons des sauvegardes informatiques trois fois par semaine. En revanche, je ne contrôle absolument pas le passage de mon patient à la pharmacie.
Un seul de mes patients est concerné. Le fait qu’il n’ait pas pris pendant six mois une boîte de Crestor dans une pharmacie du département peut s’expliquer de deux manières :
a) il vit à mi-temps en Normandie mais la CPAM de Bayonne ne contrôle pas la délivrance des médicaments hors département ;
b) Il prend 1/2 Crestor 5 mg (conseil du cardio qui a déjà dû lui poser une demi-douzaine de stents tant coronaires que fémoraux) et la pharmacie lui délivre des boîtes de 90 comprimés. 90x2 =180 jours, ce qui n’est pas très loin des six mois pour peu qu’il en ait quelques-uns de la précédente ordonnance (mathématiques, niveau CE 1).
Bref, j’ai écrit en énorme sur l’ordonnance de fond qu’il ne fallait lui délivrer qu’une boîte de 30 (je ne sais pas comment je vais réussir à lui faire comprendre ces subtilités car je trouve la démarche assez tordue). Et je suis rassurée sur mon état cognitif. En revanche, je le suis beaucoup moins sur l’avenir de la médecine libérale en France et, surtout, sur le devenir des potentiels malades que nous sommes tous. Nous n’avons, hélas, pas tous accès à la même qualité de soins.
Voilà, sachez-le : nous sommes responsables de la délivrance des médicaments par le pharmacien à nos patients. Le médecin généraliste n’est pas un pivot du système de santé, le médecin généraliste est un fusible à faire péter.
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