Dans « The Lancet »

Les 655 000 victimes civiles de la guerre en Irak

Publié le 12/10/2006

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RESPECTABLE et respectée revue de publication, « The Lancet » s'est découvert ces dernières années une vocation militante. De plus en plus d'articles se font critiques sur la politique de santé du gouvernement britannique ou la politique tout cours. En 2004, l'hebdomadaire médical avait déjà publié une étude de chercheurs américains (université Johns Hopkins, Baltimore), selon laquelle la guerre en Irak avait entraîné le décès de 100 000 civils de plus (de mars 2003 à septembre 2004). Dans un article mis en ligne le 12 octobre, il récidive en publiant de nouvelles estimations du même groupe (avec des membres de l'université Al-Mustansiriya de Bagdad) qui confirment, selon le commentaire associé, que « l'Irak s'enfonce dans un chaos sanglant ».
Pour faire leurs compte, les chercheurs sont partis des décès relevés entre mai et juillet 2006 dans un échantillon de 1 849 foyers répartis dans tout le pays. Et ils arrivent au chiffre estimé, et néanmoins d'une grande précision, de 654 965 morts de plus qu'il n'y en aurait eu sans la guerre, la grande majorité (91,8 %) de ces décès supplémentaires étant dus à la violence. Le taux de mortalité serait ainsi passé de 5,5 pour mille avant la guerre à 13,3 pour mille.
La guerre tue aussi et de plus en plus les civils, cqfd. Et les auteurs de rappeler les 3 millions de victimes civiles du Vietnam, les 3,8 millions de morts du conflit en RDC ou les 200 000 disparus du Timor, sur une population de 800 000 personnes. « Nous continuons à croire qu'il est urgent de créer un organisme international indépendant pour contrôler le respect des conventions de Genève et des autres règles humanitaires en cas de conflit, concluent les auteurs. Avec des données fiables, les voix qui parlent au nom des civils piégés dans un conflit devraient être capables de diminuer le tragique coût humain de futures guerres. »

> R. C.