L'Afssaps revoit ses recommandations

L'éradication de H. pylori est actualisée

Publié le 20/09/2005
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PARCE qu'elles datent de six ans, l'Afssaps a jugé nécessaire de réexaminer ses recommandations sur la prise en charge de l'infection par Helicobacter pylori (HP). Un comité multidisciplinaires d'experts a été réuni, en septembre 2005, sous la présidence du Pr Marc-André Bigard. Ils ont actualisé le texte de juillet 1999, en accordant une place importante à l'infection de l'enfant (de 5 à 10 % selon l'âge), même si elle demeure moins fréquente que chez l'adulte (de 20 à 50 %, croissant avec l'âge).
Avant d'aborder précisément les schémas thérapeutiques, les experts rappellent que l'infection par HP se traduit constamment par une gastrite, le plus souvent asymptomatique tout au long de la vie. Lorsqu'elle devient chronique, cette gastrite peut s'associer à un ulcère gastro-duodénal ; elle peut en favoriser l'apparition ou évoluer vers un cancer gastrique ; elle peut, rarement, entraîner un lymphome gastrique. L'éradication de la bactérie permet de stopper l'évolution de la maladie, notamment d'obtenir la guérison de l'ulcère et de prévenir les rechutes.

Une trithérapie.
Le schéma thérapeutique repose sur une trithérapie. Un inhibiteur de la pompe à protons (IPP), seule classe d'antisécrétoires recommandée, est associé à deux antibiotiques. Le respect par le patient du protocole est un facteur important du succès thérapeutique. Cette stratégie pourra, bien sûr, évoluer dans le temps, en fonction des résistances bactériennes aux antibiotiques, notamment à la clarithromycine.
Les associations thérapeutiques recommandées sont les mêmes chez l'adulte et l'enfant, à ceci près que, chez ce dernier, seul l'oméprazole dispose d'une AMM dans cette indication. Le schéma thérapeutique de base actuel, en première intention, efficace à 70 %, est : IPP, clarithromycine, amoxicilline. En cas d'allergie aux bêtalactamines, l'amoxicilline peut être remplacée par un imidazolé (métronidazole ou tinidazole). Si la clarithromycine est contre-indiquée ou en cas d'échec du traitement initial, la trithérapie consiste en : IPP, amoxicilline, imidazolé.
Le traitement de première intention est théoriquement prescrit pour sept jours, mais en raison de 30 % d'échecs, quatorze jours d'emblée semblent préférables. Durée recommandée pour les traitements en seconde intention.
S'il existe un ulcère duodénal non compliqué, de sept à quatorze jours de traitement suffisent. S'il est compliqué ou en cas d'ulcère gastrique, au-delà des sept à quatorze jours de traitement, de trois à sept semaines d'IPP sont nécessaires, selon la symptomatologie ou la taille de la lésion en endoscopie. Le même protocole est proposé en cas de gastrite nodulaire de l'enfant.

Les posologies

Chez l'adulte, les posologies sont :
- pour les antibiotiques, clarithromycine , 500 mg matin et soir ; amoxicilline, 1 g matin et soir ; métronidazole ou tinidazole, 500 mg matin et soir ;
- pour les IPP , oméprazole, ésoméprazole ou rabéprazole, 20 mg matin et soir ; lanzoprazole, 30 mg matin et soir ; pantaprazole, 40 mg matin et soir.
Chez l'enfant, les doses sont, bien sûr, fonction du poids.
En ce qui concerne l'oméprazole, seul IPP admis chez l'enfant : de 15 à 30 kg, 10 mg matin et soir ; au-delà, 20 mg matin et soir.
Pour les antibiotiques, la posologie s'établit selon que le jeune patient pèse plus ou moins de 40 kg.
- clarithromycine : 7,5 mg/kg matin et soir (15-40 kg) ; 500 mg matin et soir (> 40 kg) ;
- amoxicilline : 25 mg/kg matin et soir (15-40 kg) ; 1 g matin et soir (> 40 kg) ;
- métronidazole  10 mg/kg matin et soir (15-40 kg) ; 500 mg matin et soir (> 40 kg) ;
- tinidazole : de 10 à 15 mg/kg matin et soir (15-40 kg, sans dépasser 1 g/j) ; 50 mg matin et soir (> 40 kg).

> Dr GUY BENZADON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7805