LES ENFANTS qui ont souffert de bronchiolite au cours des trois premières années de leur vie et qui sont, par la suite, devenus sensibles à certains allergènes tels que les poils de chien ou de chat, voient leur risque de développer un asthme au cours de l’adolescence majoré par rapport aux enfants non allergiques. En Europe, l’incidence des bronchiolites chez les enfants de moins de 3 mois s’est régulièrement majorée au cours des vingt dernières années. Pour préciser le lien entre ces pathologies respiratoires de la petite enfance et l’éventuelle installation d’une symptomatologie allergique au cours de l’adolescence, des pédiatres allemands ont analysé une cohorte d’enfants qui ont été suivis de la naissance jusqu’à l’âge de 13 ans.
Cette cohorte a été constituée dans cinq villes allemandes à partir de 1 314 enfants nés en 1990. Près de 500 des enfants ont été considérés comme à haut risque d’atopie au moment de leur naissance en raison d’un taux élevé d’IgE dans le sang dU cordon et les 815 autres enfants étaient considérés comme des témoins. Un suivi clinique a été mis en place à l’âge de 1, 3, 6, 12, 18 et 24 mois, puis chaque année jusqu’à l’âge de 13 ans. Un questionnaire a été distribué aux parents afin de préciser l’exposition aux allergènes à 6 et 18 mois ainsi qu’à 3, 4 et 5 ans. La fonction respiratoire a été évaluée à 7, 10 et 13 ans, un test de sensibilisation bronchique à l’histamine a été effectué à l’âge de 7 ans ; enfin, la réponse aux bronchodilatateurs a été appréciée à 10 et 13 ans.
Près de 90 % des enfants qui avaient présenté des bronchiolites avant l’âge de 3 ans, mais qui n’avaient pas développé d’atopie, ne présentaient plus aucun signe respiratoire à l’entrée à l’école primaire et leur fonction respiratoire pouvait être considérée comme normale à la puberté.
Poils de chien, poils de chat, poussière de maison.
A l’inverse, l’existence d’une sensibilité à des allergènes perannuels (poils de chien et de chat ou poussière de maison) au cours des trois premières années de vie était associée avec une diminution des capacités respiratoires à l’entrée en primaire.
Par ailleurs, il existe un lien entre la quantité d’allergènes de l’environnement de l’enfant et sa fonction respiratoire : lorsque cette quantité était considérée comme importante, le rapport Vems/capacité vitale des enfants sensibilisés était de 87,4 contre 92,6 pour les témoins et le débit expiratoire maximal 50 % était de 86,4 dans le premier groupe contre 101,5 dans le second. Une telle exposition majore aussi le risque de réponse de l’arbre respiratoire aux tests de sensibilisation. En revanche, lorsque les enfants deviennent sensibles à ce type d’allergènes plus tard dans leur vie ou qu’ils sont soumis à un environnement plus allergénique après l’âge de 3 ans, le risque d’apparition d’asthme n’est pas significativement majoré.
Pour les auteurs, «la stratégie thérapeutique optimale pour limiter le risque d’asthme n’est pas clairement établie. La mise en place d’un traitement par corticostéroïdes inhalés après l’âge de 7ans ne permet pas d’améliorer significativement la fonction respiratoire des enfants sensibilisés,même si les symptômes respiratoires peuvent être atténués. Cette faible efficacité pourrait s’expliquer soit par le délai entre l’apparition des symptômes et la mise en place du traitement, soit par l’efficacité insuffisante des corticoïdes à supprimer la réponse immune aux allergènes qui majorent l’inflammation bronchique».
« The Lancet » 26 août 2006, vol. 367, pp. 763-770.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature