Avec 269 cas recensés en 1998, la France est l'un des pays de l'Europe de l'Ouest les plus touchés par Leptospira interrogans. Cette « zoonose prioritaire » y fait l'objet d'un programme vaccinal quasiment unique, recommandé par le Conseil supérieur d'hygiène public de France pour les professions exposées (égoutiers, employés de voirie, garde-pêche, travailleurs agricoles, en particulier des rizières et les personnels de traitement des eaux usées).
D'où l'intérêt de l'étude cas-témoin publiée par l'InVS*, la première à préciser les facteurs de risque de leptospirose en France métropolitaine, afin d'améliorer la prévention et d'adapter les recommandations de vaccination.
Cette analyse a porté sur 259 sujets (90 cas et 169 témoins), à partir des cas répertoriés par le Centre national de référence des leptospiroses sur la période étudiée.
Un peu plus du tiers d'entre eux ont été infectés par le sérogroupe Icteroheamorrhagiae, le seul à être ciblé par le vaccin actuellement disponible en France. Et, exception faite pour un cas provenant d'un contact avec des rongeurs en milieu soit professionnel, soit non-professionnel, aucun n'a semblé lié à une exposition professionnelle.
Attention en canoë-kayak
L'étude met au contraire en évidence le risque élevé de la pratique du canoë-kayak. Ce résultat corrobore l'évolution de l'épidémiologie de la leptospirose, qui passe des risques des situations professionnelles à ceux des loisirs.
Il faut donc envisager des mesures pour protéger les sportifs qui s'adonnent à cette discipline (vaccination, chimioprophylaxie, éducation pour la santé) et développer un nouveau vaccin qui ciblerait plusieurs sérogroupes, serait plus immunogène et permettrait de réviser les recommandations vaccinales. Dans l'immédiat, elles ne sont pas revues.
Si, d'autre part, une chimioprophylaxie à la doxycycline est bien protectrice, elle est certes indiquée dans les zones tropicales où la zoonose est endémique, mais les auteurs estiment que cette stratégie n'est pas justifiée dans un pays comme la France où l'incidence de la maladie reste très basse (0,44 pour 100 000).
Quant à la sensibilisation des canoë-kayakistes et du grand public, elle se heurte à la complexité des données d'identification des lieux contaminés, des périodes de fortes contamination et au déficit de connaissances sur l'écologie des réservoirs de Leptospira et sur les conditions de développement de la maladie.
Ainsi, malgré la distribution de plaquettes d'information parmi les adhérents des clubs en Angleterre, la connaissance du risque reste faible outre-Manche.
L'étude conclut dans ces conditions qu' « il convient de sensibiliser au risque de leptospirose ceux qui participent à des loisirs à risque en veillant à une bonne hygiène et en utilisant des protections individuelles ». En attendant qu'un plus large spectre vaccinal entraîne la recommandation de la vaccination pour les pratiquants du canoë-kayak.
* « Les facteurs de risques de leptospirose en France métropolitaine, une étude cas-témoin, juillet 1999-février 2000 », par Anthony Nardone et coll. (Institut national de médecine agricole et InVS).
Un gardien de prison infecté à Laon ?
Un surveillant du centre pénitentiaire de Laon (Aisne) a été hospitalisé en urgence, atteint de leptospirose, indique, dans un communiqué, l'Union fédérale autonome pénitentiaire (UFAP). Le syndicat, qui « dénonce le laxisme de l'administration face à ces situations déplorables et indignes d'une pénitentiaire du troisième millénaire », demande l'ouverture d'une enquête administrative et la prise en charge par l'Etat des vaccins contre le tétanos et la leptospirose, ainsi que la reconnaissance de cette infection comme maladie professionnelle. Pour sa part, la direction de l'établissement, qui affirme « ne pas connaître exactement » la nature de la pathologie dont souffre le surveillant, estime que « rien n'indique que la contamination ait eu lieu dans l'établissement. »
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