La leptine, hormone synthétisée notamment par les adipocytes, apparaît comme essentielle à l'homéostasie des mammifères (souris et hommes). Une absence de sécrétion de leptine s'accompagne systématiquement d'une majoration de l'appétit et d'une obésité extrême. Mais l'effet des variations plasmatiques des taux de leptine en deçà d'un certain seuil n'avait, jusqu'à présent, pas fait l'objet d'études chez l'homme. L'équipe du Dr I. Safad Farooqi (Alberta, Canada) s'est intéressée à un groupe de 13 sujets d'origine pakistanaise présentant une mutation hétérozygote du gène ob. Trois autres sujets homozygotes pour la forme sauvage du gène ob ont aussi été inclus dans l'étude ; l'ensemble des sujets a été comparé à 69 témoins appariés pour le sexe, l'âge, la taille et les origines ethniques.
Discordance entre BMI et masse grasse
Les concentrations sériques en leptine chez les sujets hétérozygotes se sont relevées nettement inférieures à celles des sujets témoins (dont le statut pour le gène ob n'a pas été étudié à l'inclusion dans l'étude) et les sujets homozygotes pour la version « sauvage » du gène. « Chez les sujets témoins et chez les homozygotes, BMI et taux de leptine sont corrélés. En revanche, aucune relation mathématique n'a pu être établie entre ces deux valeurs chez les sujets hétérozygotes, alors que, jusqu'à présent, l'ensemble des travaux publiés sur ce sujet rapportait un lien systématique entre taux de leptine et BMI », analysent les auteurs. Néanmoins, plus de 76 % des hétérozygotes présentent un BMI supérieur à 30, contre 26 % chez les sujets contrôles. Mais il est impossible d'estimer, à partir de la seule mesure du taux circulant de leptine, le BMI exact des sujets hétérozygotes.
Dans un second temps, les investigateurs ont donc mesuré, par énergie d'absorptiométrie, la quantité totale de graisse de l'organisme chez 12 sujets hétérozygotes et 6 homozygotes pour le gène ob, d'origine pakistanaise. Ils ont comparé les données obtenues par mesure directe avec celles calculées en fonction de l'âge, du sexe, de la taille et du poids. Si, chez les homozygotes, les valeurs obtenues étaient similaires aux valeurs calculées, chez les hétérozygotes, la quantité de masse adipeuse mesurée s'est révélée significativement supérieure à la valeur calculée.
Leptine recombinante humaine
Pour les auteurs, « cette étude confirme qu'une faible baisse du taux circulant de leptine peut s'accompagner d'une majoration de synthèse du tissu adipeux. Il paraît donc plausible que certains obèses ne présentant pas de mutation sur les gènes ob, mais dont le taux sanguin de leptine est abaissé, pourraient répondre favorablement à des injections de leptine humaine recombinante ».
« Nature », vol. 414, pp. 34-35, 1er novembre 2001.
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