EN DÉPIT des températures élevées enregistrées cette semaine, les seuils d'alerte du plan canicule du ministère de la Santé - dont le niveau 1 a été automatiquement activé le 1er juin - n'ont pas été atteints. Les urgentistes ont néanmoins constaté ces derniers jours « une petite augmentation de fréquentation » dans leurs services, selon les termes du président de l'Amuhf (Association des médecins urgentistes hospitaliers de France), le Dr Patrick Pelloux.
Une légère hausse effectivement liée à la chaleur et qui a concerné « les personnes malades », premières touchées par les hausse de température, souligne le Pr Pierre Carli, directeur du Samu de Paris. Sur le pont, l'Institut de veille sanitaire (InVS) fait d'ailleurs état de « deux cas de coup de chaleur » qui lui ont été signalés et qui ne correspondent ni l'un ni l'autre à des personnes âgées - l'un est précisément identifié : il s'agit d'une personne diabétique de 60 ans, vivant à Paris dans 10 m2 sous les toits.
Identification des risques.
L'occasion météorologique a été saisie par Philippe Douste-Blazy pour faire le point sur les travaux d'avancement de son plan canicule (qui fera l'objet d'une simulation à grande échelle les 5 et 6 juillet dans un endroit tenu secret).
L'identification des personnes à risque s'organise. Le ministère de la Santé et l'Association des maires de France doivent se réunir aujourd'hui pour boucler le dispositif. Deux études cas-témoins menées par l'InVS devraient donner des bases solides à ce recensement : elles montrent, explique le Pr Gilles Brücker, directeur général de l'institut, « que la maladie, le mode de logement... peuvent considérablement exposer aux conséquences de la chaleur ». Parmi les facteurs qui, l'été dernier, ont favorisé les décès, à domicile ou en institution, l'InVS distingue : le confinement au lit ou au fauteuil (qui majore le risque de 7 fois) ; les difficultés à s'habiller ou à se laver (de 3 fois), la maladie (les maladies cardio-vasculaires ou psychiatriques, la maladie de Parkinson, le cancer... peuvent multiplier le risque par 3, 6 ou 9) - « Les médecins traitants de ces patients doivent être en alerte », insiste Gilles Brücker ; la configuration du bâtiment d'habitation (vivre au dernier étage majore le risque de 4 fois) ; la prise de médicaments (un cinquième de l'échantillon étudié par l'InVS prenait plus de dix médicaments)...
Par ailleurs, afin de disposer d'une capacité d'hospitalisation suffisante, le ministre demande que « dans toutes les régions, plus de 90 % des lits d'hôpitaux et de cliniques (soient, cet été) ouverts et disponibles pour les malades contre 78 % l'année dernière. En particulier, annonce-t-il, en Ile-de-France, la disponibilité à l'AP-HP sera de 83 % et hors AP-HP de 92 %, contre 76 % et 82 % l'année dernière ».
La simplification de l'accès aux services de soins de suite et de réadaptation (SSR) est également chose faite : les quelques jours d'hospitalisation « classique » qui avaient cours jusqu'à présent entre un passage aux urgences et l'entrée en SSR n'existent plus. « Cela permet de désengorger les urgences, de rendre disponibles les lits de court séjour », commente le ministre.
Parmi les zones d'ombre relevées par Philippe Douste-Blazy : la permanence des soins. « On n'est pas totalement prêt du côté des médecins libéraux », s'inquiète le ministre qui compte vérifier « dans les prochains jours » que le numéro d'appel unique facilitant dans chaque département l'orientation des malades (un dispositif promis par l'Ordre des médecins) est bien opérationnel.
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