Dans les périodes de doutes et de basses eaux idéologiques, tout se fait en catimini. Le temps est à la précaution et à l’évitement des ruptures. Même la recherche et la science avanceraient à petit pas. L’économie, sûre d’elle et dominatrice dans un monde ouvert, infiltrerait sournoisement la santé en voulant récupérer sa cassette. En fait, doit-on réduire les dépenses de santé pour redresser le pays ? Telle est une des questions que doit se poser le pouvoir lui-même. Le Gouvernement français au travers de son pacte de responsabilité ne peut y échapper, tant les finances publiques de notre pays l’exigent. En social-démocrate maintenant affirmé, le président se doit d’être un « gardien intransigeant de l’argent public ». Des révolutions silencieuses prises ou imposées à bas bruit peuvent sans doute l’y aider (cf. dossier p. 10 à 17). À long terme, les innovations scientifiques et technologiques, un management plus serré et prudent, la fixation d’objectifs de qualité et de rentabilité donneront des résultats. Mais ils nous laissent pour l’instant dans le brouillard. La chirurgie ambulatoire rapportera-t-elle 5 milliards d’euros ou dix fois moins ? Les quelques mariages entre établissements réduiront-ils suffisamment un parc hospitalier surdimensionné ? Quelques hélicoptères de plus règleront-ils les problèmes des urgences ?
La réalité est d’une autre ampleur et surtout d’une grande urgence, car la France en crise se voit imposer des réformes plus radicales. La ministre de la Santé nous cache cette vérité. L’État-providence va se déliter, car les grands argentiers sont bien à la recherche de plusieurs dizaines de milliards d’euros dans les dépenses sociales et de santé. Comment la santé y contribuera-t-elle, puisque les dépenses de l’État central sont déjà fortement encadrées et que les régions seront au pain sec après les élections ? La campagne tarifaire 2014 avec sa stagnation de tarifs pour les hôpitaux et les cliniques sera suivie par une sévère réduction de l’Ondam qui exclura toutes les augmentations de volume de rattrapage. Les contrôles des prix et les conditions d’admission des médicaments et des nouvelles technologies vont se mettre en place. Les 45 milliards d’investissements hospitaliers annoncés ne sont que des promesses. Les ministres ou leurs successeurs sont au pied du mur. La Cour des comptes a lancé ses banderilles. Le combat se fera dans le cirque de Bercy. La mise à mort pourrait être violente.
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