Après les génériques, l’industrie pharmaceutique devrait connaître un nouveau « choc de compétitivité » avec la mise sur le marché de nouveaux biosimilaires. Selon un rapport de Claude Le Pen rédigé avec l’aide du laboratoire Amgen, le secteur des médicaments biologiques représentait déjà en 2010 15 % du marché pharmaceutique mondial. En 2015, il devrait grimper à 20 %. En France, 40 % des ventes à l’hôpital sont assurées par des médicaments biologiques. Alors que l’industrie pharmaceutique est en stagnation, c’est un segment dynamique qui croît de 3 à 4 % par an.
À ce jour, si l’on recense plus d’une centaine de médicaments biologiques, seuls trois médicaments ont été biosimilarisés. Trois principaux laboratoires se partagent le marché, à savoir Hospira, Sandoz et Teva. Mais l’envol pour les biosimilaires est annoncé d’ici à 2020 avec la perte de brevets en Europe de l’Enbrel®, Humalog®, Mabthéra®, Rémicade®, Lantus®, Neulasta®, Herceptin®, Avastin®, Erbitux ® et Lucentis®. Amgen devrait à son tour se lancer dans ce marché.
Un milliard d’euros d’économies ?
Six lancements sont programmés à partir de 2017, dont quatre en oncologie et deux dans le domaine des maladies inflammatoires. Si l’on prend en compte les recettes générées par les médicaments biologiques les plus vendus en 2012, entre 500 millions et un milliard d’euros d’économies sont attendues en France grâce aux biosimilaires. D’où l’intérêt manifesté par les pouvoirs publics pour ce secteur, alors que l’environnement économique est pour le moins contraint.
Faut-il pour autant envisager une réglementation très stricte pour inciter au développement des biosimilaires ? Sûrement pas, avance Claude Le Pen. En premier lieu, la France n’accuse pas de retard comparé à ses voisins, à la différence du « sous-développement » observé avec les génériques dans les années quatre-vingt-dix. Surtout, le recours aux biosimilaires a été obtenu sans substitution officinale par exemple. Or avec la loi de financement de la Sécurité sociale 2014, la substitution lors de la première ordonnance est autorisée pour le pharmacien. Les producteurs ont tous été vent debout contre ce dispositif mais aussi désormais des fabricants de biosimilaires. L’idée serait plutôt de « privilégier un système d’incitation multicritères fondés sur la concurrence », selon le rapport. L’Allemagne a opté pour ce modèle. En France, son adaptation reposerait sur le recours à la « rémunération sur objectifs de santé publique » (ROSP) où des objectifs de prescription sont attribués aux médecins libéraux. À l’hôpital, le système d’appel d’offres permet la prise en compte de nombreux critères et pas seulement du prix. Faut-il privilégier la concurrence ou favoriser la réglementation ? Réponse peut-être dans le prochain PFLSS 2015…
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