LE TRAITEMENT de l'apnée obstructive du sommeil dépend de la sévérité du syndrome et de ses causes. Certes, une réduction de poids est recommandée aux obèses, on fait appel à la chirurgie en cas de modification anatomique de la sphère ORL, mais le traitement de choix constitue en l'application d'une pression positive continue, durant le sommeil. Elle empêche le collapsus pharyngé et permet la disparition complète des apnées et des ronflements. Ce traitement réduit la morbi-mortalité et améliore la qualité de vie. Toutefois, l'acceptation au long cours du port nocturne du masque nasal n'est que de 70 % après trois ans.
Dès lors, tout effort visant à développer de nouvelles approches thérapeutiques est bienvenu.
Traiter une bradycardie sinusale.
C'est ainsi qu'a été accueillie avec un grand intérêt, voilà quatre ans, l'observation par une équipe française (Garrigue et coll.) d'une nette amélioration des apnées du sommeil pour des patients chez lesquels avait été posé un pacemaker. Il produisait un entraînement auriculaire rapide, afin de traiter une bradycardie sinusale. Chez les 15 patients souffrant d'apnées du sommeil, centrales et/ou obstructives, l'entrainement (à un rythme de 15 battements par minute au-dessus du rythme cardiaque nocturne de base) réduisait significativement le nombre d'épisodes d'apnée ou d'hypopnée durant une nuit, sans réduire la durée totale du sommeil (baisse de 57 % de l'indice d'apnée-hypopnée).
Des études supplémentaires s'imposaient pour confirmer ces résultats.
Une étude croisée randomisée de Simantirakis et coll. (Heraklion, Crète), publiée dans le « New England Journal of Medicine », ne réussit pas à confirmer le bénéfice de l'entrainement auriculaire. Les résultats discordants de ces deux études, méthodologiquement solides, sont très probablement dus aux différences entre les patients étudiés.
Simantirakis et coll. ont dépisté des patients adressés pour une suspicion d'apnée du sommeil, afin d'en identifier seize pour lesquels la pose d'un pacemaker était indiquée (à l'inverse de l'approche de Garrigue et coll.).
Il s'ensuit que ces patients ont le profil classique de l'obèse souffrant d'une apnée obstructive du sommeil. En outre, en raison des critères d'exclusion, aucun d'eux ne présente une fonction ventriculaire gauche réduite ou une insuffisance cardiaque.
A l'inverse, les patients de Garrigue et coll. souffraient d'apnées mixtes du sommeil, à prédominance centrale ; ils étaient plus âgés, et 60 % avaient une dysfonction ventriculaire gauche. Leur apnée était aussi moins sévère.
Le lendemain, pression positive continue nasale.
Dans l'étude grecque, les seize patients ont été randomisés, 48 heures après la pose du pacemaker, pour recevoir l'entrainement auriculaire rapide (à 15 bpm au-dessus du rythme cardiaque nocturne moyen) ou l'entrainement auriculaire de réserve (en dessous de 40 bpm), ce dernier groupe débutait le lendemain le traitement par pression positive continue nasale. Après un mois, les deux groupes ont changé de traitement et ont été suivis un autre mois.
Résultat, non seulement l'entrainement auriculaire rapide s'est révélé inefficace lors de la première nuit, mais il ne s'est pas davantage montré bénéfique au bout d'un mois de traitement.
En revanche, la pression positive continue nasale a été suivie d'une amélioration nette et durable de l'indice d'apnée-hypopnée, de la qualité du sommeil et de la somnolence diurne.
Selon le Dr Gottlieb (Boston), auteur d'un éditorial, « le fait que l'entrainement rapide ne parvienne pas à améliorer l'apnée du sommeil chez les patients souffrant d'une apnée obstructive du sommeil typique, laisse supposer que l'entrainement rapide risque d'avoir, au mieux, un rôle très limité dans ce contexte ».
« Ces données suggèrent la nécessité d'une investigation supplémentaire, afin de déterminer dans quels groupes de patients l'entrainement auriculaire rapide pourrait avoir un effet thérapeutique », concluent Simantirakis et coll.
« New England Journal of Medicine », 15 décembre 2005, pp. 2568 et 2604.
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