Le principe de la sclérose est une attaque chimique de l'endothélium veineux par un produit irritant. Depuis ses débuts, la sclérothérapie utilisait des solutions de sclérosants, plus ou moins diluées dans du sérum physiologique ; le phlébologue pouvait ainsi adapter la concentration de sclérosant en fonction de la varice à traiter et de son expérience. Les sclérosants actuellement utilisés en Europe sont le trombovar, le Sclérémo® et le polidocanol (le salicylate de soude n'est plus commercialisé depuis quelques années). A la demande des phlébologues, les fabricants ont diversifié leurs présentations (par exemple : 0,2 %, 0,5 %, 1 %, 2 % et 3 % pour le polidocanol) pour rendre plus pratique la préparation des soins de sclérose. De ce fait, les produits couvrent les besoins de l'ensemble de la communauté phlébologique européenne et mondiale. Dans les années soixante-quinze, Alain Monfreux (phlébologue à Toulouse) a réalisé une cassette dans laquelle il montrait les avantages de l'utilisation d'une mousse par rapport à la solution de sclérosant. Cette mousse ne peut être réalisée qu'avec des agents sclérosants savonneux : trombovar ou polidocanol. Il introduisait de 0,1 à 0,2 cc de produit pur dans une seringue en verre, l'obturait à l'aide d'un bouchon à perfusion stérile, puis provoquait une dépression sur le piston de la seringue. L'air pénètre alors dans l'espace situé entre le corps de la seringue et le piston sous forme de microbulles qui se mélangent avec le sclérosant jusqu'à obtention de 3 cc de mousse.
Toutes les concentrations possibles
Au total, de 4 à 6 cc au maximum sont injectés dans une veine variqueuse. L'intérêt essentiel est que la mousse chasse le sang de la lumière de la varice à traiter, permettant une attaque chimique de l'endothélium à la concentration voulue par le thérapeute, sans effet de dilution. Les microbulles « collent » à la paroi, sous forme d'une très fine lame de sclérosant. L'air est le vecteur du sclérosant. La mousse peut être réalisée avec toutes les concentrations possibles, le choix étant fonction des varices à traiter : troncs saphéniens (forte concentration) ou varicosités (très faible concentration).
Le congrès de Rome serait-il devenu le « congrès de la mousse »? « En effet, depuis les travaux d'Alain Monfreux, de nombreux phlébologues dont les Français Jean-Patrick Benigni, Symon Sadoun, Mario Sica et moi-même, précise le Dr Jean-Paul Henriet (Caen) ont beaucoup travaillé pour faire connaître cette technique. Elle a maintenant de très nombreux adeptes, tant en France qu'en Europe. » Elle a constitué une remarquable évolution de la sclérothérapie dans la mesure où les concentrations et les volumes de sclérosant injecté sont réduits, pour une efficacité meilleure et une tolérance accrue. J.-P. Benigni et S. Sadoun ont présenté les résultats d'études comparatives solution/mousse et les travaux actuellement en cours sur le plan européen.
La rédaction d'un ouvrage en cours
En outre, nous avons constitué une équipe internationale qui achève un livre sur la mousse avec une rédaction collégiale européenne comprenant des Français, des Italiens, des Espagnols, ouvrage qui fera le point sur la sclérothérapie à la mousse de sclérosant. Très attendu par la communauté phlébologique européenne, il sera diffusé à la fin de l'année.
Après l'échosclérothérapie, présentée dans les années quatre-vingt-cinq, cette nouvelle technique de sclérothérapie constitue, à n'en pas douter, un progrès majeur dans le traitement des varices et paraît promise à un très bel avenir.
D'après un entretien avec le Dr Jean-Paul Henriet (CHU Côte-de-Nacre, Caen).
80 % de scléroses avec deux injections
L'étude coordonnée par le Dr S. Sadoun a été menée en 1997 sur 600 patients (80 % d'hommes et 20 % de femmes) qui présentaient des varices dans le territoire de la grande veine saphène (80 %) et de la petite veine saphène (20 %). Les produits sclérosants utilisés sous forme de mousse étaient le polidocanol et le tétradécylsulfate de sodium (TDS). Les résultats ont montré 80 % de sclérose des varices après deux injections dont 75 % se maintenaient après trois mois.
Des bénéfices incontestables
1. La quantité de produit nécessaire est moindre puisqu'il n'y a pas dilution dans la lumière de la varice.
2. La concentration choisie par le phlébologue n'est pas modifiée lors de l'injection dans la lumière de la varice. Elle est donc bien adaptée au calibre de la varice ou de la varicosité à traiter (tronc saphène, télangiectasies), permettant une meilleure adéquation thérapeutique. Les concentrations sont plus faibles qu'avec les traditionnelles scléroses.
3. La dose injectée est réduite. Il en résulte moins de complications : minimes thromboses superficielles, inflammations locales rares.
4. L'attaque chimique est mieux régulée, puisque le sang est préalablement « chassé » de la lumière veineuse.
5. Le nombre de thrombectomies est réduit. En effet, les scléroses avec la méthode traditionnelle peuvent générer des microthrombi, nécessitant des petites thrombectomies trois semaines plus tard. Ces réactions intempestives sont beaucoup plus rares avec la mousse.
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