PATHOLOGIE sous-diagnostiquée et sous-traitée, l’hépatite B est la deuxième cause de décès par cancer identifiée dans le monde après le tabac et la première cause de cancer du foie. Cette maladie est à l’origine de plus de 1 300 décès en France chaque année. Plus de 2 milliards de personnes sont exposées au virus de l’hépatite B dans le monde et près de 350 millions sont porteuses du virus, dont 300 000 en France. Le virus de l’hépatite B peut rester actif hors de l’organisme pendant 7 jours et il est cent fois plus contagieux que celui du VIH. L’hépatite B est la plus fréquente des maladies sexuellement transmissibles.
Malgré la mise au point de vaccins efficaces et la mise en oeuvre de programmes de prévention, l’infection par le virus de l’hépatite B constitue un enjeu de santé publique. D’importants progrès ont été réalisés dans la connaissance de l’hépatite B, maladie discrète et silencieuse, et dans la mise au point de traitements, mais l’arsenal thérapeutique est encore limité. Deux options thérapeutiques existent aujourd’hui : d’une part, les interférons qui, outre leur activité antivirale, stimulent la réponse immunitaire, mais induisent des effets secondaires ; d’autre part, les antiviraux qui inhibent la réplication du virus et permettent de faire baisser fortement la quantité de virus dans le sang ; néanmoins, le virus développe des résistances qui limitent l’efficacité du traitement dans le temps.
Face à ces limites thérapeutiques, de nouveaux traitements sont nécessaires. L’un des principaux objectifs du traitement est de faire disparaître le virus de l’hépatite B et, donc, l’antigène HBs au profit de l’anticorps anti-HBs, mais cet objectif est rarement atteint. De récentes études ont montré le lien entre la charge virale, à savoir la quantité de virus dans le sang, et le risque de développement d’une cirrhose et/ou d’un cancer du foie. Plus la charge virale est élevée, plus le risque de complications est important.
Disponible depuis 2005 aux Etats-Unis, Baraclude (entecavir), molécule découverte et développée par les équipes de recherche de Bristol-Myers Squibb, a une action spécifique sur le virus de l’hépatite B. Son arrivée devrait faciliter le traitement des porteurs chroniques du virus de l’hépatite B et offrir de nouvelles perspectives pour les patients résistant aux molécules existantes. Parmi ses nombreux avantages, on trouve : une action spécifique sur le virus de l’hépatite B, une puissante activité antivirale (contrôle de la charge virale), une efficacité chez les patients naïfs et résistant à la lamivudine, ainsi qu’une tolérance comparable à la lamivudine.
Un triple mode d’action.
Le mode d’action de cet analogue nucléosidique sur le virus est triple : il bloque les trois niveaux d’action de l’enzyme impliquée dans la réplication du virus de l’hépatite B, à savoir, lors de : l’amorce, la transcription inverse et la synthèse de l’ADN. Ce sont ces multiples cibles qui lui fournissent la capacité de provoquer une baisse considérable de la charge virale.
Les études cliniques menées chez plus de 1 500 patients ont permis de démontrer une baisse importante de la virémie, tant chez les patients naïfs (jamais traités par un analogue nucléosidique) que chez ceux prétraités par la lamivudine et résistant à cette molécule. La proportion de patients devenus indétectables (moins de 300 log copies/MI d’ADN viral) est particulièrement importante : elle passe de 69 à 91 % (contre 38 à 73 % avec un autre antiviral) chez les patients naïfs de traitement par analogue nucléosidique ; chez les patients préalablement traités par lamivudine et devenus résistants à ce médicament, la proportion de patients indétectables passe de 1 % avant entecavir à 21 % après son introduction.
Une étude d’une durée de 96 semaines a montré que 94 % des patients naïfs traités par Baraclude présentaient une charge virale indétectable, comparés à 77 % de ceux traités par la lamivudine. Au cours de cet essai, aucune résistance n’a par ailleurs été détectée avec Baraclude. Dix pour cent des patients réfractaires à la lamivudine ont présenté un rebond virologique durant la deuxième année de traitement par monothérapie d’entecavir.
Action bénéfique sur le foie.
Outre son action sur la virémie, l’entecavir présente également une action positive sur le foie en diminuant les phénomènes de nécrose inflammatoire et la fibrose.
En outre, le profil de tolérance de l’entecavir est bon. Les principaux effets secondaires observés, identiques à ceux provoqués par la lamivudine, sont des maux de tête, des troubles digestifs ou encore des infections ORL. Aucune toxicité rénale n’a été observée, comme cela est parfois le cas avec d’autres antiviraux. L’entecavir est adapté aux insuffisants rénaux, puisqu’il existe une forme galénique spécifique permettant un ajustement posologique (forme buvable).
Une conférence de presse BMS. D’après les communications des Prs Stanislas Pol (hôpital Necker, Paris) et T. Poynard (hôpital Pitié- Salpêtrière, Paris).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature