Un profil d’efficacité et de tolérance favorable
L’HISTOIRE des infections chroniques par le virus de l’hépatite B a connu deux grandes évolutions en moins de trente ans. A partir de 1980 et grâce à des campagnes vaccinales mondiales, il est devenu possible de prévenir les infections aiguës et, de ce fait, leurs conséquences à long terme (cirrhose ou carcinome hépatocellulaire). A la fin des années 1990, les premiers traitements de l’hépatite B chronique ont été mis sur le marché. Actuellement, ils sont cinq à être approuvés par la FDA aux Etats-Unis : l’interféron alpha (standard et pégylé) et trois agents antiviraux utilisables par voie orale, la lamivudine, l’adéfovir dipivoxil et, très récemment, l’entecavir.
HBV ADN polymérase.
L’entecavir est un analogue de la guanosine doté d’une importante activité in vitro et in vivo contre l’HBV ADN polymérase. Des études de phase II ont prouvé l’efficacité de cette molécule sur des patients antigène HBe négatif porteurs d’hépatite B chronique. Deux nouvelles études de phase III, publiées simultanément par le « New England Journal of Medicine », semblent indiquer que cette molécule pourrait voir son spectre de prescription s’élargir en raison de son efficacité et de sa bonne tolérance chez des patients HBe négatif et positif n’ayant jamais été jusque-là traités par des analogues des nucléosides.
La première de ces études, coordonnée par le Dr Ting Tsung-chang (Taïwan), a porté sur 715 patients HBe positif porteurs d’une hépatite B chronique qui ont reçu soit de l’entecavir (0,5 mg par jour), soit un autre antiviral oral (lamivudine 100 mg par jour) pendant un minimum de cinquante-deux semaines. A quarante-huit semaines, l’examen histologique a permis de détecter une amélioration chez 72 % des patients du groupe entecavir, contre 62 % de ceux du groupe comparateur. De façon parallèle, l’ADN HBV était indétectable à l’issue du traitement chez un nombre de sujets plus important dans le premier groupe que chez les témoins (67 % contre 36 %). La baisse moyenne du nombre de copies d’ADN HBV entre l’entrée dans l’étude et la 48e semaine s’est établie respectivement à 6,9 log et 5,4 log. Enfin, une séroconversion a été constatée chez 21 % des patients du groupe entecavir, contre 18 % dans l’autre groupe, analysent les auteurs.
La seconde des études a eu lieu à Hong Kong. L’équipe du Dr Ching-Lu a inclus 648 patients HBe négatif porteurs d’une hépatite B chronique et qui n’avaient jamais reçu jusque-là d’analogue nucléosidique. Le traitement qui leur a été administré contenait chaque jour soit 0,5 mg d’entecavir, soit 100 mg de lamivudine, et ce pendant cinquante-deux semaines. La biopsie de foie pratiquée à quarante-huit semaines a prouvé l’amélioration histologique des lésions chez 70 % des patients du groupe entecavir, contre 61 % chez les sujets du groupe comparateur. En outre, le virus est devenu indétectable par PCR respectivement chez 90 et 72 % des patients et le taux des transaminases s’est normalisé chez 78 et 71 % des sujets. Enfin, la moyenne de baisse du nombre des copies s’est établie à 5 log, contre 4,5 log.
Pas de résistance signalée.
Dans les deux études, l’entecavir a été toléré de façon similaire au médicament comparateur. Les auteurs soulignent aussi qu’aucune résistance n’a été signalée dans les deux groupes traités par ce nouvel antiviral et l’analyse génotypique a confirmé l’absence de substitutions émergentes à 48 semaines, confirmant ainsi l’absence de modification de la sensibilité phénotypique à moyen terme.
« New England Journal of Medicine », vol. 354 ; 10, pp. 1001-1010, 1011-1020 et 1074-1076, 9 mars 2006.
Questions
Dans un éditorial, le Dr Jay Hoofnagle (Bethesda, Etats-Unis) souligne qu’en matière d’hépatite B chronique on ne connaît pas encore avec précision « quels patients doivent bénéficier d’un traitement, ni quel est le meilleur traitement (seul ou combiné), ni encore la durée optimale de ce traitement et sa surveillance. Que peut-on alors recommander ? En premier lieu, que seuls les patients présentant une forme active de la maladie soient traités (augmentation des transaminases et preuve histologique de l’évolution de maladie) et non ceux chez qui le taux d’ADN HBV est élevé ». Pour l’éditorialiste, parmi les agents oraux, « l’adéfovir ou l’entecavir pourraient être utilisés en première ligne thérapeutique. Le traitement devrait être prescrit à vie, sauf chez les patients qui présentent une séroconversion HBs ou HBe qui pourraient bénéficier d’un suivi strict et régulier ».
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