« Zodiac », de David Fincher

L'enquête inachevée

Publié le 21/05/2007
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CELUI qui se fait appeler Zodiac est un tueur en série. Mais le réalisateur de « Seven » se défend de marcher dans ses propres pas. Son sixième film est le récit d'une enquête journalistique et policière et non le portrait d'un meurtrier. D'autant plus que le film s'inspire d'une histoire vraie et que, aujourd'hui encore, rien n'est sûr quant à l'identité de Zodiac et le nombre de ses victimes (il semble qu'il se soit, outre ses propres assassinats, attribué des crimes commis par d'autres).

Pour ceux qui, comme David Fincher, ont grandi dans la région de San Francisco au début des années 1970, le nom de Zodiac est associé à la peur : il avait menacé, dans l'une des lettres qu'il envoyait à des journaux, dont le « San Francisco Cronicle », de s'en prendre aux enfants et de faire un carnage dans un bus scolaire.

Robert Graysmith était dessinateur au « Cronicle » depuis quelques mois quand les premières lettres de Zodiac sont arrivées. Il suit l'enquête du journaliste chargé des affaires criminelles, Paul Avery, puis, plus tard, après que la police a quasiment renoncé à trouver des preuves recevables en justice, se lance seul sur la piste. Il en tirera des best-sellers*, dont s'est inspiré James Vanderbilt pour le scénario du film.

Fincher lui-même est parti sur les traces des enquêteurs ; il a rencontré des proches des victimes, des policiers, la famille d'un des principaux suspects et Graysmith lui-même ; il a compulsé des milliers de pages de rapports et de documents. Et ses acteurs ont eux aussi fait la connaissance de ceux qu'ils incarnent, quand ils l'ont accepté.

Le résultat ? Une passionnante enquête, sur deux décennies, dont il importe finalement peu qu'elle ne soit pas close. Pour une fois, l'action n'est pas centrée sur le tueur et ses exactions – on ne pourra donc reprocher au réalisateur de complaisance dans la violence, peu présente –, mais sur ses poursuivants, dont la vie va en être changée. S'il suit particulièrement les deux journalistes et le policier principal, Fincher ne sacrifie aucun des nombreux autres personnages mêlés à l'histoire de Zodiac. Portrait de groupe, portrait d'une société déstabilisée, mis en scène avec ampleur et précision à la fois.

Les acteurs bien choisis, au premier rang desquels Jake Gyllenhaal, Mark Ruffalo et Robert Downey Jr, sont un autre atout du film. Il dure 2 h 36 mais on ne devrait pas trouver le temps long avec cette histoire vraie qu'Hollywood aurait pu inventer.

Actuellement en salles.
* « Zodiac », éditions du Rocher.

> RENÉE CARTON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8169