L'AFFAIRE a fait les gros titres le week-end dernier. Comment un syndicaliste a-t-il trouvé la mort samedi soir en tombant d'une fenêtre, depuis le deuxième étage d'un bâtiment de l'hôpital d'Ajaccio ?
Cet homme se trouvait dans les bureaux de la direction, qu'il occupait depuis plusieurs jours avec des collègues. La police enquête. Et les bouches sont muselées.
Accidentelle ou pas, la chute mortelle de ce syndicaliste n'a pas arrangé le climat social au sein de cet hôpital corse, où le déficit bat des records (« le Quotidien » du 24 avril). L'établissement a connu un regain de tension après le drame. Lundi, personne ne voulait commenter ouvertement la situation. Un médecin confesse ses inquiétudes sous couvert d'anonymat : «L'ambiance est pesante. Le directeur a pris l'avion, on ne sait pas vers où. On n'a plus de direction. Le bruit court d'une mise sous tutelle de l'hôpital. Faire venir un autre directeur serait une décision politique très mal vécue par tout le personnel. Cela signifierait le gel des emplois, des investissements, des nouveaux matériels, des primes…»
Force est de reconnaître que l'actuel directeur n'a pas tenu son pari. Depuis deux mois, il ferraille avec les instances locales pour faire adopter un plan de retour à l'équilibre financier. Les 20 millions d'euros de déficit s'expliquent en partie par un sureffectif important – il y a des années, des contractuels non qualifiés ont été titularisés sans raison. Le plan de retour à l'équilibre prévoit de supprimer 320 postes. Le rejet a été massif chez les personnels, mais aussi, alors que la direction comptait sur leur appui, chez les médecins. La CME a voté contre, n'ayant pas digéré le gel des recrutements médicaux.
Le conseil d'administration, lui, ne s'est pas encore prononcé. Mais il a d'ores et déjà rejeté un autre projet de la direction – le découpage en pôles –, preuve que l'ambiance n'est pas au beau fixe à Ajaccio.
C'est dans ce contexte tendu que survient le drame de samedi soir. Le syndicaliste (membre du syndicat des travailleurs corses, proche des nationalistes) a-t-il été défenestré ? Serait-il tombé en voulant accrocher une banderolle ? Une autopsie est en cours. «Il y a un mort. On l'autopsie, on l'enterre, et on n'en parle plus», lâche un Ajaccien.
L'agence régionale de l'hospitalisation (ARH) de Corse, contactée par « le Quotidien », n'était pas joignable lundi.En attendant que l'histoire s'éclaircisse, Internet permet aux uns et aux autres de s'exprimer. Dans un communiqué, l'Association des médecins urgentistes de France (AMUF) se risque à avancer que «la mort de cet homme aurait probablement pu être évitée par un dialogue social à la hauteur des enjeux».
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