L’UMP en quête de stratégie

L’ennemi prioritaire

Publié le 12/02/2015
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Crédit photo : AFP

Le parti socialiste ne considère pas l’UMP comme un mouvement à éradiquer. À plusieurs reprises, le président de la République, certes au nom d’une « unité » qui servirait ses propres intérêts, a souligné la nécessité d’une droite relativement forte et même l’utilité de l’alternance. Dans le système bi-partite qu’a instauré la Vè République, l’adversaire n’est pas un ennemi à proprement parler, même si la concentration de la bataille sur deux partis ne va pas sans un échange de coups violents. Le FN a été le premier à faire le constat de la complicité de la gauche et de la droite dans tous les combats qui les opposent en parlant d’« UMPS ». Son souci n’est pas, contrairement à ce qu’affirment beaucoup de commentateurs qui ont tendance à oublier la force de nos institutions, de créer une logique tri-partite, mais de supplanter l’UMP, de devenir le seul et unique représentant de la droite.

Le PS est concerné par ce conflit entre les deux droites dans la mesure où, à chaque élection, il perd des suffrages au profit du Front. Conscient de sa faiblesse maladive (la cote popularité de MM. Hollande et Valls vient de faire une rechute), il craint de ne résister au FN ni aux élections départementales qui ont lieu en mars ni à l’élection présidentielle de 2017. Il est donc contraint de se battre sur deux fronts, contre la droite et contre l’extrême droite, alors que l’enjeu pour elles est, en premier lieu, la représentation de l’électorat de droite plutôt que la victoire contre la gauche qui n’en serait que la conséquence. En revanche, pour l’UMP, et en dehors de toute idéologie, l’ennemi, c’est d’abord et avant tout le FN. C’est lui qui peut l’affaiblir au point qu’elle cèderait au choc du premier tour, où Marine Le Pen semble en mesure de devancer le candidat de la droite quel qu’il soit, Sarkozy, Juppé ou un autre. C’est le FN que l’UMP doit faire reculer et elle n’y parviendra pas en pactisant avec lui, en reprenant sans cesse quelques-unes de ses idées programmatiques, en le singeant en toute occasion, mais en se dressant contre lui pour mieux marquer sa différence. Les hommes ou femmes capables de porter ce programme ne manquent pas au sein de l’UMP, elle a son contingent d’humanistes chevronnés.

En finir avec les complexes.

Vous me voyez venir. Je reprends à mon compte la théorie personnelle d’Alain Juppé qui veut ouvrir l’UMP vers les centres, s’allier avec eux et créer une majorité d’idées et une majorité électorale Je veux souligner cependant que, si la logique du choix de l’ennemi prioritaire est imparable, les orientations idéologiques de l’UMP n’en seront que la conséquence. J’ajoute que l’UMP doit en finir avec ses complexes. Naguère on avait honte d’être pro-FN, aujourd’hui on a honte de le combattre, on a honte de rejeter ses thèmes identitaires, intolérants, xénophobes et on a peur de dire à l’électorat qui, par désespoir, se jette dans les bras du Front, qu’il se trompe sur toute la ligne, idéologique, économique et européenne. Je sais bien ce que vous allez dire : que l’Europe, la tolérance, l’humanisme ne créent pas d’emplois. Mais, bon sang, le souverainisme, l’intolérance et la sortie de l’euro en détruiraient encore plus et feraient de la France le paria du monde occidental ! Quoi ? Le Front n’appliquerait pas à la lettre toutes ses idées ? Vous ne savez pas à quoi conduirait son incompétence crasse en matière d’économie et quels désordres produirait son attitude à l’égard de l’islam. Le pire, au cas où la droite évoluerait en deux ans de telle manière qu’elle ressemblerait au FN, c’est qu’il ne resterait plus que la gauche en France pour défendre la république et sa constitution.

RICHARD LISCIA

Source : Le Quotidien du Médecin: 9386