On ne sait pas combien de temps encore prendra la campagne d'Afghanistan, mais la guerre la plus utile, c'est aux Etats-Unis et en Europe qu'elle se déroule.
Les pays arabes et musulmans estiment que, en dépit des assurances données par George W. Bush, les Arabes et musulmans d'Amérique continuent d'être maltraités. Les exactions commises par des individus sous le prétexte du patriotisme sont sanctionnées par des lois qui n'ont pas changé. Si les accusateurs des Etats-unis font allusion aux conditions de détention des quelque 900 personnes arrêtées, la question est plus complexe.
Les services de sécurité américains, de la CIA au FBI en passant par les polices locales, réclament du gouvernement des mesures d'exception qui leur permettent non seulement de garder les suspects plus longtemps mais aussi de les faire parler en appliquant une méthode vigoureuse. Cette attitude est évidemment inquiétante pour les institutions américaines et les défenseurs des libertés ne manquent pas qui volent au secours des suspects. Il est établi qu'aucun des individus placés en détention n'est un « gros poisson » et que beaucoup d'entre eux sont probablement innocents. Cette « guerre » intérieure entre services de sécurité et terroristes est extrêmement aléatoire, probablement inefficace contre les réseaux dits dormants, et elle n'atteint pas les « cerveaux » qui organisent les attentats à partir de pays éloignés.
Mais elle comporte tout de même un avantage : elle complique et rend précaire l'organisation de nouveaux attentats, elle place les réseaux sur la défensive, elle perturbe leur activité et donc en retarde les effets.
Il y a près de trois semaines, le gouvernement fédéral a demandé au FBI de se concentrer davantage dans la recherche des suspects que dans la résolution des affaires qu'il traite. En effet, il s'agit moins de punir que de prévenir. Et pour empêcher de nouveaux attentats, comment ne pas admettre que tous les moyens sont bons ?
L'invocation des droits de l'homme et le rappel des libertés essentielles ne doivent pas être accueillis par l'indifférence. Il est bon qu'entre les pouvoirs publics et les organisations humanitaires se poursuive le dialogue indispensable à la protection des acquis de la démocratie américaine. Mais il faut, en l'occurrence, choisir entre la liberté des agresseurs et celle des agressés. L'Amérique est en guerre (et nous aussi probablement). L'administration a un devoir impérieux envers les citoyens américains. Ce devoir est d'autant plus prioritaire qu'elle a déjà failli lorsqu'elle s'est montrée incapable d'empêcher un seul des quatre détournements d'avion du 11 septembre. Par conséquent, le premier objectif du gouvernement fédéral est de rendre les Etats-Unis à leur sécurité habituelle et de permettre au système de fonctionner comme avant le 11 septembre.
Un certain nombre de dispositions exceptionnelles peuvent être adoptées pour une durée relativement courte, par exemple un an, sans qu'il soit nécessaire de changer les lois ou de défigurer la Constitution. On ne se bat pas contre un terrorisme aussi cruel et aussi déterminé (les attaques au bacille de charbon le confirment) avec les moyens d'une démocratie en paix. Le recours à de telles mesures implique que les agents de la force publique visitent tous les foyers, tous les lieux de prière et tous les bureaux susceptibles d'abriter des terroristes. Beaucoup d'innocents seront certes soumis à une épreuve injuste. Mais ceux-là ne risquent rien, sinon un fort désagrément. Quant aux autres, même s'ils ne sont pas pris, ils ne pourront pas se sentir en sécurité et, plutôt que de passer à l'offensive, ils songeront d'abord à se protéger.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature