POUR LA TROISIÈME année consécutive, l'Université hébraïque de Jérusalem et l'Association franco-israélienne pour la recherche en neurosciences (AFIRNE) organisent un colloque à Paris. Intitulé « Recherche sur le cerveau : l'inconscient, le conscient et la créativité », il se fera l'écho des dernières découvertes en la matière. «Comprendre le fonctionnement du cerveau est, selonIdan Segev, directeur du centre interdisciplinaire de calcul neuronal (CICN) à l'Université hébraïque de Jérusalem, l'une des plus grandes aventures de ce siècle.» Reconnu comme un « centre d'excellence » par la Commission de Bruxelles, le centre qu'il dirige se distingue par sa multidisciplinarité : «Il est impossible de comprendre le cerveau si vous avez une approche uniquement biologique, médicale ou physique», explique le spécialiste. En plus des trois disciplines citées, le centre regroupe des spécialistes en physique théorique et appliquée, en ingénierie, en informatique ou la psychologie. Un pont entre disciplines que n'auraient sans doute pas renié Albert Einstein et Sigmund Freud, qui figurent parmi ceux qui ont soutenu la fondation de l'université en 1925.
Les recherches menées au CICN couvrent des domaines aussi variés que la modélisation du cerveau, la mémoire, le sommeil, la vision, l'audition, le contrôle des mouvements, les déficiences de la moelle épinière, le stress, la maladie de Parkinson ou encore la dyslexie. Parmi ses travaux, on peut noter ceux réalisés en collaboration avec l'équipe de A. Benabid et P. Pollak, à Grenoble, sur la stimulation cérébrale profonde du noyau sous-thalamique dans la maladie de Parkinson ou encore qui ont conduit à la mise au point de prothèse chez des patients atteints de paralysie.
Lire la pensée.
L'idée développée par l'équipe de chercheurs conduite par le Pr Eilon Vaadia était de contourner la moelle épinière et de décrypter les signaux électriques du réseau neuronal, afin d'y «lire la pensée», c'est-à-dire le moment où se forme l'information juste avant sa transmission aux muscles impliqués dans l'action. Les chercheurs ont ainsi pu, pour la première fois, décoder les impulsions électriques émises par le cortex moteur, «la musique électrique des cellules neuronales», l'intention d'un singe avant qu'il bouge la main, puis d'utiliser l'information via un ordinateur pour activer un bras robotisé. Le dispositif est aujourd'hui en voie de développement chez deux patients.
Lors du congrès qui se tiendra le 18 novembre à Paris, Idan Segev expliquera comment la recherche en neurosciences commence à démythifier tout ce qui, dans le fonctionnement cérébral, semblait « mystérieux », tandis que le Pr Haim Sompolinsky abordera le thème : « Chaos dans la cerveau : le moteur de la créativité ». Participeront également à la manifestation, les Prs Jean-Pierre Changeux (Collège de France), Stanislas Dehaene (Collège de France) ou encore Lionel Naccache (hôpital Pitié-Salpêtrière). Le gala donné à l'issue des présentations permettra de récolter des fonds pour soutenir la recherche et financer les bourses en doctorat de l'université, dont les 90 centres de recherche proposent chaque année 1 500 nouveaux projets (20 % de son budget proviennent des donateurs). Le prix Scopus qui, chaque année, récompense une personnalité engagée dans des actions éducatives, culturelles ou sociales, sera remis à Simone Veil.
L'ensemble des présentations du congrès de l'année dernière sur la mémoire, ses mécanismes et ses désordres est disponible aux éditions Le manuscrit (www.manuscrit.com).
Tél. 01.47.55.43.23, contact@uhjerusalem.org.
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