« L'industrie agroalimentaire n'a pas pour vocation de nuire à la santé des consommateurs, mais au contraire de rendre accessible, à une grande partie de la population, une alimentation saine et variée », a souligné François Coindreau (vice-président de l'Ania), lors d'un colloque consacré au rôle de l'industrie agroalimentaire dans la prévention de l'obésité, qui se tenait récemment au Sial. « Il est toutefois nécessaire de gérer les conséquences de l'abondance alimentaire qui coïncide avec une baisse des dépenses énergétiques. Les industries agroalimentaires ont tout intérêt à ce que cesse la progression de l'obésité, ne serait ce que pour éviter le recours à des mesures coercitives. » Partie prenante dans la lutte contre l'épidémie d'obésité, l'industrie agroalimentaire garde néanmoins ses propres convictions. A savoir : le respect de la liberté de choix du consommateur et la responsabilité individuelle ; la non-existence de « bons » et de « mauvais » aliments ; le maintien du droit d'entreprendre, d'innover et de communiquer ; le choix de l'autodiscipline des entreprises plutôt que celui de la coercition.
Améliorer l'étiquetage des produits
« Le consommateur doit être éduqué et informé pour pouvoir effectuer ses choix en pleine connaissance de cause. L'éducation relève de la responsabilité des pouvoirs publics ; l'information incombe aux industriels proposant les produits », a estimé François Coindreau, d'où des recommandations d'étiquetage formulées par l'Ania à ses adhérents (qui ont la liberté de les suivre ou non) et l'édition d'un document destiné aux consommateurs pour leur expliquer comment lire et interpréter les informations inscrites sur les emballages. Ces brochures devront être très largement diffusées. Une telle initiative paraît très utile, comme le suggèrent les résultats d'une enquête du Crédoc : il semble que les consommateurs consultent peu les informations nutritionnelles figurant sur les produits, se contentant de vérifier la date de péremption, éventuellement de repérer un label les rassurant sur la qualité ou la provenance d'un aliment. Les allégations, bien en vue sur les paquets, sont prises en compte (contrairement aux informations nutritionnelles moins bien repérées). D'où la nécessité de ne faire figurer que des allégations fiables, claires et rigoureuses.
Un positionnement en rapport avec la nature du produit
« Tout discours nutritionnel suppose une cohérence entre la communication et la composition du produit », a souligné Olivier Andrault (directeur scientifique de la Clcv). La communication sur une confiserie ne doit pas porter sur l'absence de matière grasse, ni même sur un quelconque avantage nutritionnel ; elle ne peut que faire allusion au plaisir de consommation. « La responsabilité des fabricants sur la cohérence et la véracité de l'information nutritionnelle se révèle donc essentielle car les industriels se trouvent au premier rang de la communication », a poursuivi Olivier Andrault. « La communication doit aussi être pertinente. Par exemple, la majorité de la population ne souffrant pas de carence en vitamine C ou en vitamines du groupe B, il n'est pas nécessaire de mettre en avant ces éléments. »
L'un des neuf engagements de l'Ania est d'ailleurs le renforcement de l'autodiscipline dans la communication publicitaire des entreprises. Dans ce contexte, un code de bonnes pratiques de la profession est édité, associé à la création d'une commission déontologique au sein de l'Ania. Par ailleurs, l'Ania incite fortement ses adhérents à maintenir des portions de taille raisonnable, tant dans l'offre auprès du consommateur que dans les présentations publicitaires qui sont faites des produits.
La responsabilité du consommateur
Du côté du public, la responsabilité individuelle semble également être mise en avant. Une enquête réalisée à la demande de l'association Génération Europe montre que les jeunes Européens estiment que l'individu est le premier responsable de son alimentation. Sont ensuite cités par ordre décroissant de responsabilité les parents, l'école, les supermarchés, les industriels et les gouvernements. Les solutions préconisées concernent l'éducation à l'école et l'étiquetage des produits.
De même, une autre enquête conduite auprès de 850 consommateurs en France retrouve la notion de responsabilité de l'individu dans les choix alimentaires et leurs répercussions sur la santé. Les responsabilités identifiées par les personnes interrogées sont multiples. Elles relèvent en premier lieu de l'individu, puis des parents, des pouvoirs publics et enfin du fabricant. Selon cette enquête, la responsabilité du fabricant s'exerce au niveau de la composition du produit (sucre, matières grasses, taille des portions) et de la communication sur les modalités d'utilisation.
Ainsi, il semble bien que tout le monde doit y mettre du sien pour enrayer la progression de l'excès pondéral.
Conférence « L'industrie agroalimentaire, acteur incontournable de la prévention de l'obésité » organisée par l'Ania au Sial.
Le poids des chiffres
Selon l'enquête Obépi 2003, 5,3 millions de Français sont obèses (IMC > 30 kg/m2), 14,4 millions ont une surcharge pondérale (IMC entre 25 et 29,9kg/m2).
L'obésité augmente de 5 % par an depuis six ans.
Plus de 2 millions de jeunes de moins de 18 ans sont obèses. Un enfant sur 10 est obèse à l'âge de 10 ans. En 20 ans, l'obésité infantile a augmenté de 17 %.
Si l'obésité apparaît avant la puberté, elle persiste dans 20 à 50 % des cas à l'âge adulte.
En 2020, la situation en France pourrait avoir rejoint celle des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne avec 20 % d'adultes obèses.
>>>>Dr D.C.
Une désaffection du public pour le problème
La société Globescan a réalisé une série d'interviews téléphoniques dans cinq pays européens (république Tchèque, France, Allemagne, Grande-Bretagne, Italie) pour évaluer le niveau de préoccupation des consommateurs en matière de sécurité alimentaire et de santé. Il ressort de ce travail que l'inquiétude vis-à-vis de la sécurité alimentaire a nettement diminuée depuis deux ans, alors que la préoccupation sur la nutrition n'a guère augmenté. L'importance d'une alimentation équilibrée et d'un style de vie sain n'est pas encore au centre des préoccupations. Les risques liés au stress, au tabac ou à l'alcool sont peu pris en compte. Soixante-trois pour cent des personnes interrogées estiment ne pas avoir de problème de poids ; 19 % reconnaissent avoir un surpoids et 15 % se disent en sous-poids. Et, quel que soit le groupe auquel ils appartiennent, les consommateurs sont globalement satisfaits de leurs habitudes alimentaires. Ce travail traduit la faible prise de conscience du public de l'importance d'une alimentation saine et équilibrée pour la santé.
>>>>> Dr D.C.
Les Françaises peu concernées
L'étude Moms (mamans, opinions, marketing et solutions), qui a porté sur 1 500 mères de famille dans huit pays européens (Edelman 2003), avait pour objectif d'évaluer la perception des mères de famille sur le problème de la progression de l'excès pondéral chez les enfants.
En France, la moitié des mères seulement incrimine la responsabilité des parents dans la progression de l'obésité (67 % des mères dans les autres pays) ; tandis que la publicité est largement montrée du doigt (63 %) ainsi que l'industrie agroalimentaire (59 %).
45 % des Françaises se disent davantage concernées par le problème qu'il y a cinq ans (66 % aux Etats-Unis, 62 % dans le reste de l'Europe).
La question du poids n'intervient dans les achats alimentaires que pour 31 % des mères de famille françaises contre 47 % en moyenne dans les autres pays.
>>>>>>>Dr D.C.
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