On ne devient pas oncologue par hasard. Surtout lorsque l’on est la fille d’un grand professeur de neurologie. Un drame familial et la rencontre avec un maître, Michel Clavel, sont à l’origine de ce choix. Pourtant, rien n’est écrit. Et l’engagement de Véronique Trillet-Lenoir aurait pu basculer vers une autre discipline. « Si j’avais eu cinq ans de moins, j’aurai sans nul doute opté pour l’infectiologie et le combat contre l’infection à VIH. »
Il y a là matière à paradoxe. Voilà un médecin qui présente sa discipline comme un combat au quotidien contre la mort. Mais dans le même temps, ce professeur des universités manifeste un appétit rare pour les choses de la vie. Groupie du chanteur Léonard Cohen et de Barbara, elle ne manque jamais un dîner des anciens internes à Lyon. Une élégance toujours parfaite est l’une des déclinaisons d’un savoir-vivre à la française.
On note même une boulimie pour les rencontres, les nouvelles expériences qui l’emmènent parfois jusqu’au bout du monde. « À Lyon, nous connaissons bien la route de la soie. Depuis dix-huit mois, la région Rhône-Alpes a noué un partenariat scientifique avec la ville de Shangaï. » Résultat, en dépit d’un emploi du temps surchargé, Véronique Trillet-Lenoir, toujours professionnelle, s’est mise à l’étude du mandarin à raison de deux heures par semaine. Et comme cela ne suffisait pas, en complément de ses responsabilités entre autres au sein du Conseil national de cancérologie ou des Rencontres de la cancérologie française (RCFr), la chef de service d’oncologie au sein des Hospices civils de Lyon (HCL) vient d’accepter un rôle majeur de représentation internationale pour le compte du Clara, le cancéropôle de la région.
Où alors se niche la faille, l’échec dans ce parcours jusqu’à présent sans faute ? Certes, Véronique Trillet-Lenoir a été dans la short list des candidats pour la présidence de l’Inca. Bonne camarade, elle affiche aujourd’hui un soutien sans faille à l’action menée par Agnès Buzyn, l’actuelle présidente.
La difficulté à retenir un collaborateur de talent au sein du service a parfois été ressentie comme une blessure. Et mener jusqu’à une remise en cause de ses pratiques professionnelles. Mais cela est oublié.
Comme superwoman, Véronique Trillet-Lenoir reconnaît bien volontiers une lacune. Elle a déserté depuis longtemps la cuisine de l’appartement. Son mari et ses deux fils revêtent à tour de rôle le tablier pour échapper aux surgelés.
Dans cet activisme quotidien, manque un ultime engagement. D’éminents confrères à Lyon ont pourtant ouvert la voie, à savoir l’entrée en politique. Il faudrait alors oublier de rechercher le consensus pour voir triompher ses convictions.
Mais devient-on une femme politique par hasard ?
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