Livres
C'est un décor de carte postale - la mer, le soleil, une nature luxuriante - et une vie nonchalante qui donnent à rêver. Un paradis protégé même des touristes où Saule - on ne sait pas si c'est son vrai nom puisqu'il a brûlé ses papiers d'identité - s'est refait une vie. Une petite vie, certes, où il a comme seule obligation de sortir en mer une ou deux fois par semaine, afin de payer en nature son loyer au dentiste qui l'a pris en pitié et de rentrer quelques billets - pour rendre visite à Evengelina, celle des filles de Mama Bentham qu'il préfère.
Le bonheur, quoi, en apparence du moins. Car depuis dix ans qu'il a échoué dans cet Eden ensommeillé, les grondements du volcan et les crachats de fumée ne sont rien à côté du vacarme des cris de terreur et des visions d'apocalypse qui envahissent la tête de Saule chaque nuit.
Tandis que les menaces de la montagne se précisent et qu'on évacue la population, Georges-olivier Châteaureynaud lâche bride après bride les indices qui reconstituent le passé de son anti-héros : il est un ancien terroriste qui, par une idéologie mal comprise, a pris la vie de trois cents victimes. « Il savait de quoi il était coupable, et de quoi il ne l'était pas ». Car le personnage n'est pas entièrement noir et le déchaînement des éléments lui donne l'occasion de sortir de son purgatoire.
Vers la vie ou vers la mort, là est la question.
La vie, c'est une femme, une femme d'une beauté « parfaite » et épouse du vieux et tout-puissant gouverneur de l'île ; elle s'est promise à Saule s'il allait récupérer des lettres oubliées dans sa villa - les Blancs de Ville-d'en haut ont été évacués avant les gens d'en bas - et lui promet que son mari continuera à fermer les yeux sur sa situation irrégulière.
La mort, c'est bien sûr la lave brûlante qui emporte tout sur son passage mais aussi les pillards, l'armée qui tire sur tout ce qui bouge et, en arrière-plan, les premiers occupants de cette terre, plus ou moins dégénérés.
Limpide comme les eaux du Pacifique qui bordent Consolation Island, la fable de Georges-Olivier Châteaureynaud - qui obtint le prix Renaudot 1982 avec « la Faculté des songes » - est écrit comme un récit d'aventures « endiablé », car il s'en passe des choses durant ce périple expiatoire. Le livre est donc, pour qui a la conscience tranquille, un excellent roman à savourer dans un petit coin de paradis au bord de la mer...
Editions Grasset, 287 p., 18,80 euros
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