L'enfant divin

Publié le 10/01/2002
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ANTIQUITES

Vrais ou faux, les jumeaux intriguent et font parfois peur quand ils sont rigoureusement semblables, et plus encore quand ils sont anormalement nombreux, comme c'est le cas chez les Yorubas du sud du Nigeria, où le taux de naissances gémellaires est six fois plus élevé qu'ailleurs.

Le phénomène, inexplicable, apparaît alors comme divin, et les enfants sont particulièrement choyés et gâtés. A eux les meilleurs morceaux, les plus beaux habits, les jolis bijoux, et l'amour illimité de leurs parents.
Mais, s'ils sont les chouchous de la société, les petits jumeaux sont aussi les plus fragiles. Dans les sociétés primitives où la mortalité infantile est élevée, il n'est pas rare que l'un des deux, ou les deux, voient leur vie prématurément abrégée avant leur premier anniversaire.
Quand l'un des deux meurt, son frère s'en trouve fragilisé. Dans ce cas, le sculpteur du village va confectionner une effigie du petit défunt, ou « ibedji » dans laquelle son âme sera réincarnée. Si les deux bébés disparaissent, on sculpte deux « ibedji » identiques qui sont alors vêtus, nourris et dorlotés comme de leur vivant.
Les années et les générations passant, ce sont aujourd'hui les collectionneurs qui prennent auprès des ibedji le relais des parents, pour les aimer, les admirer, les soigner...
Le créateur Christian Astuguevieille a mis les siens en vente dans une galerie parisienne, encadrés par une scénographie de son cru, et par des sculptures de bois, de corde et de chanvre où la création contemporaine rejoint l'esprit sacré de l'art tribal.

« Ibedji, cultes des jumeaux ». Jusqu'au 27 janvier, galerie Flak,8, rue des Beaux-Arts, 75006 Paris.

F. D.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7042