REFERENCE
Une voie parfois ambiguë ou douloureuse
Le diagnostic prénatal a considérablement évolué grâce aux progrès de la biologie ftale et de l'imagerie anténatale. En permettant, à la faveur d'un diagnostic plus sûr, d'arrêter la vie, le diagnostic anténatal a ouvert une voie nouvelle, parfois ambiguë et douloureuse.
Les paroles, silences ou attitudes décelés par les parents au moment de l'annonce sont lourds de conséquences sur leur façon d'appréhender l'avenir et sur leur capacité de réaction. La tâche n'est pas non plus facile pour les praticiens qui ont besoin, eux aussi, d'être accompagnés et éclairés face à de très fortes charges émotionnelles.
Témoignages de parents
Depuis les années 1990, l'unité petite enfance d'un hôpital de Montpellier a recueilli en vidéo les témoignages des parents afin d'aider les équipes médicales. La prise en compte de leur avis, l'analyse des séquelles psychologiques laissées par les interruptions médicales de grossesse (IMG), l'identification des dysfonctionnements dans la relation parents-médecins ont permis de définir un nouveau concept : l'enfant qui existe dans « la tête des parents » est aussi important que le foetus dans sa chair.
Dès lors, une conduite à tenir s'est imposée dans la pratique du diagnostic anténatal au cours d'une grossesse à risque : l'accompagnement ne doit pas se résumer à la révélation de l'anomalie. Il doit aussi inclure l'ensemble des actes et attitudes aboutissant à la naissance ou à l'IMG, afin de conserver la valeur de l'enfant quelle que soit la décision finale.
Organiser la rencontre
La première étape concerne l'examen proprement dit. Le praticien doit organiser la rencontre, c'est-à-dire énoncer clairement les objectifs de l'examen dans un environnement calme, non envahi par la famille. A chaque étape, il doit parler de l'enfant dans sa globalité en le décrivant toujours avant d'énoncer les problèmes.
Dans le cas d'une anomalie décelée lors du diagnostic anténatal, le praticien doit résister à la tentation d'aller vite et ne pas parler trop rapidement d'IMG. Il doit organiser le temps et anticiper les étapes pour que les parents ne se sentent jamais seuls.
Le praticien relais
Pour que cette coopération soit efficace, il est nécessaire que le praticien soit un relais dans l'équipe soignante et qu'il présente aux parents les différents intervenants. Ainsi, en cas d'anomalie, il doit admettre le plus tôt possible l'obstétricien dans le cercle, établir une relation de confiance avec tous les spécialistes et provoquer une rencontre anténatale avec le pédiatre, sans oublier d'informer le médecin de famille. Il ne doit surtout pas rester seul. Si la décision d'IMG se pose, il doit mettre en place les protocoles techniques et penser à obtenir les résultats foeto-pathologiques. Dans un souci d'efficacité et de respect, le praticien doit transmettre à tous une information claire, précise et minutieuse.
Aide psychologique
Parfois, une aide psychologique est nécessaire. Dans certaines situations de détresse ou de conflit (divergence d'avis médicaux, difficultés de communication au sein du couple ou résurgence d'éléments du passé), l'aide d'un spécialiste peut se révéler nécessaire. Il doit être étroitement lié à l'équipe médicale et avoir l'habitude de travailler en réseau. Un encadrement psychologique efficace doit apporter de l'aide mais doit aussi tenir compte de l'émotion des parents et de leurs sentiments contradictoires. Il est important de respecter l'émergence de la douleur des parents afin que le chagrin puisse se dire et que l'accompagnement du corps puisse s'effectuer. Montrer aux parents que l'on porte autant de considération à leur enfant qu'à eux-mêmes : telle est l'idée directrice d'un accompagnement réussi.
D'après une communication du Dr F. Molenat lors du 1er Congrès européen de biologie foetale (unité petite enfance, service de médecine psychologique pour enfants, CHU de Montpellier).
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