L'emploi ne se décrète pas

Publié le 13/01/2004
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LORSQUE LIONEL JOSPIN et son équipe s'attribuaient tout le mérite de la création d'emplois, l'opposition de droite remarquait que le gouvernement de gauche se contentait de bénéficier de la croissance. Voilà que le gouvernement actuel exprime à son tour son intention de créer des emplois, sans paraître se souvenir ce qu'il disait naguère, à savoir que ce sont les entreprises qui les créent.
En vérité, comme M. Jospin, Jean-Pierre Raffarin attend que la croissance américaine contamine l'Europe. Au moins peut-on reconnaître que nos dirigeants s'efforcent de créer des emplois non par l'incantation mais par la diminution des charges sociales et des impôts. Cette méthode, violemment critiquée par la gauche, est pourtant celle qu'utilise l'administration Bush, avec peut-être un succès limité dans le temps.

Une politique volontariste.

Le renforcement de l'euro par rapport au dollar risque de freiner nos propres exportations. Mais, même à 1,30 dollar pour 1 euro, la monnaie américaine n'est pas tellement dévaluée ; il lui est arrivé d'être bien plus faible par rapport aux monnaies européennes, le mark notamment. En outre, les Américains reprochent aux Européens de n'avoir pas été capables de prendre le relais des Etats-Unis pendant la crise 2001-2003. L'Europe a été assommée par cette crise et la croissance américaine a repris sous l'effet de sa seule dynamique. En tout cas, la croissance semble avoir rendez-vous avec les élections américaines.
M. Raffarin s'est engagé dans une voie qui n'est pas très différente de celle des Etats-Unis. Mais la réduction des impôts et des charges soulève en France des critiques multiples : on accuse le gouvernement de soigner les entreprises pendant qu'il matraque les pauvres. Il demeure qu'on ne crée des emplois que si on crée du pouvoir d'achat. La gauche devrait s'en convaincre.

> R. L.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7455