CES STAPHYLOCOQUES dorés méticillinorésistants (Sdmr) ont un profil qui leur est propre et les distingue des souches responsables d'infections nosocomiales. Il s'agit de bactéries clonales rendues résistantes par la présence d'une protéine de liaison à la pénicilline ayant un caractère anormal, la PLP2a, qui est codée par un gène chromosomique mecA, porté par un fragment d'ADN additionnel (ou cassette) intégré à celui du Sdmr. Ce mécanisme de résistance par acquisition de la cassette mecA est en cause dans 95 % des souches de Sdmr. Ces dernières se montrent résistantes à toutes les bêtalactamines.
Des lésions à type de nécrose cutanée.
Les Sdmr sont d'une extrême virulence et ont la capacité de sécréter une toxine, appelée leucocidine de Panton-Valentine (voir encadré), qui est responsable de nécroses cutanées, ce qui explique la fréquence des abcédations. La lésion initiale consiste habituellement en une petite papule ou à une pustule, qui grossit rapidement et devient purulente.
Des cas de pneumopathie nécrosante imputables à ces variétés communautaires de Sdmr ont également été rapportés. Il semble toutefois que les abcès cutanés ne s'accompagnent que rarement d'une pneumopathie nécrosante.
Les Sdmr sévissent dans tous les milieux où leur transmission interhumaine est facilitée par une certaine promiscuité : transmission directe, par contact cutané, ou indirecte, par l'intermédiaire d'objets contaminés, d'où l'importance des mesures d'hygiène. Les populations les plus exposées sont les toxicomanes par voie intraveineuse (chez lesquels ces souches sont parfois responsables de fasciites nécrosantes), les détenus, les militaires, mais aussi les enfants vivant en collectivité.
Dans notre pays, l'un des premiers à avoir attiré l'attention sur l'existence de ces Sdmr est le Pr Gérard Lorette (Tours), qui a publié dans les « Annales de dermatologie » en 2003 un article faisant état d'un taux de 4 % d'infections dues à de telles souches. L'un des dermatologues français qui s'est le plus intéressé à la question est le Dr Pascal Del Giudice, de Fréjus. Dans un article récemment publié dans le « British Journal of Dermatology » (1), celui-ci a notamment signalé une augmentation de l'incidence des infections à Sdmr à l'hôpital de Saint-Raphaël.
Lors des Journées dermatologiques de Paris, qui se sont tenues en décembre 2006, les Prs Philippe Bernard (Limoges) et Vincent Jarlier (Paris) ont présenté une étude montrant que ces Sdmr communautaires sont à l'heure actuelle assez rarement isolés dans le pus des lésions communautaires de pyodermite. Il convient toutefois de souligner que, parmi les cas de pyodermite étudiés, aucun ne comportait d'abcès cutané, ce qui pourrait avoir conduit à sous-estimer la fréquence de ces souches.
Concernant l'aspect bactériologique, le Pr Vincent Jarlier et le Dr Jérôme Robert (Paris) ont publié des études faisant apparaître des taux d'isolement de Sdmr relativement faibles dans les laboratoires hospitaliers. Ces souches communautaires ont un profil très particulier, car elles sont résistantes à la fucidine, à la kanamycine et à la tétracycline.
En conclusion, ces différentes données doivent inciter les dermatologues français à la vigilance, car tout porte à penser que la fréquence de ces infections communautaires à Sdmr risque d'augmenter dans les années à venir.
* Hôpital Tenon, Paris.
(1) « Br J Dermatol ». 2006 Jan ; 154 (1) : 118-24.
La toxine LPV
La leucocidine de Panton-Valentine (LPV) est une cytotoxine sécrétée par Staphylococcus aureus et qui est constituée de deux protéines de classes S (LukS-PV) et F (LukF-PV), dont l'action synergique induit la formation de pores dans la membrane des leucocytes polymorphonucléaires.
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