La prévalence des Staphylococcus aureus résistants à la méticilline (SARM) dans les infections cutanées communautaires ne semble pas augmenter en France. Néanmoins, l'expérience des Etats-Unis impose la vigilance et la surveillance de tous les clones.
JUSQU'A IL Y A une dizaine d'années, le dogme était que les Staphylococcus aureus résistants à la méticilline (SARM) ne pouvaient naître qu'en milieu hospitalier et éventuellement se répandre ensuite en milieu communautaire. Le nouveau scénario est bien différent. En effet, le staphylocoque résistant à la méthicilline émerge de novo dans la communauté et, éventuellement, on le retrouve à l'hôpital. Ce phénomène a démarré en Océanie, puis aux Etats-Unis, et il est observé maintenant dans le monde entier. Aux Etats-Unis, il représente aujourd'hui un problème de santé publique.
La particularité de 95 % de ces staphylocoques est de sécréter la leucocidine de Panton et Valentine (LPV) et d'être porteurs d'un gène de la résistance, le gène mecA ; ils sont responsables d'abcès importants et de pneumopathies très nécrosantes.
Panton et Vanlentine.
La LPV se fixe sur les granulocytes et les érythrocytes humains et crée des pores dans la membrane cellulaire. Son mode d'action fait intervenir une stimulation exagérée et une lyse des granulocytes.
Il existe de multiples clones de SARM dans le monde ; ils sont tous sécréteurs de la toxine de Panton et Valentine, mais deux d'entre eux se partagent la vedette : le ST 8 (séquence de type 8) ou USA 300, présent aux Etats-Unis, et le ST 80, présent en Europe.
En pathologie cutanée, la LPV est responsable des furoncles et des abcès. Les infections qui ne sont pas nécrosantes et suppuratives ne relèvent pas de ces clones.
Aux Etats-Unis, les infections communautaires à SARM ont explosé ces dernières années. Les dernières données épidémiologiques permettent d'affirmer que, lorsqu'une infection cutanée suppurative à staphylocoques arrive aux urgences, il s'agit dans plus de 80 % des cas, d'un staphylocoque doré méthi-R.
En France, il existe très peu d'études de prévalence des SARM communautaires en dermatologie. En 2000, une première étude (EP'DERM1) (1) avait permis de décrire l'épidémiologie clinique et bactériologique des infections bactériennes vues par les dermatologues libéraux. Cette étude avait montré une diffusion limitée de souches résistantes, en particulier de SARM, et des taux élevés de sensibilité aux antibiotiques utilisés en dermatologie. Une nouvelle évaluation a été menée en 2006 (EPI'DERM2) (2), selon une méthodologie identique, afin de juger de l'évolution de la situation clinique et bactériologique. Cette étude épidémiologique a été réalisée par les dermatologues membres de la Fédération française de formation continue en dermatologie-vénérologie (FFFCDV) répartis dans toute la France. Chaque dermatologue devait inclure les premiers patients consultant pour une infection bactérienne, quels que soient leur âge et leur sexe. Les patients devaient accepter un prélèvement cutané qui était adressé ensuite à un laboratoire central. 388 prélèvements ont été mis en culture et les cultures ont été positives dans 190 cas. Staphylococcus aureus a été isolé dans 147 bactéries isolées parmi les 259 (57 %). Six souches de S.aureus étaient méthi-R, soit 4 %.
Ces résultats sont comparables à ceux de 2000 qui faisaient apparaître sur 442 prélèvements 69 % de S.aureus, dont 4 % de méthi-R. Dans les deux études, toutes les souches de S.aureus étaient sensibles à la pristinamycine et à la muciporine, et 90 % étaient sensibles à l'acide fusidique.
Si la prévalence des SARM n'a donc pas augmenté en France, la vigilance est néanmoins la règle vis-à-vis de l'extension des souches de SARM en médecine communautaire dans le monde et la surveillance de tous les clones s'impose, surtout l'USA 300, en pleine extension.
Quant au traitement, la majorité des études révèle la place prépondérante de la chirurgie. Une étude parue en 2006 (3) tend même à démontrer que les protocoles chirurgie seule et chirurgie avec antibiothérapie sont équivalents. Quoi qu'il en soit, la plupart des échecs thérapeutiques survien-nent quand les lésions ne sont pas opérées.
D'après la communication de Kaoutar Jidar, hôpital Saint-Louis, Paris (1) Loretta G. Community-acquired coetaneous infections : causal role of some bacteria's and sensitivity to antibiotics. Ann dermatology Venereol 2003 ; 130 : 723-8.
(2) Del Guidance P. and al. Mythically-resistant Staphylococcus aureus infections in private practice : dermatologists in the front line. Ann dermatology venereol 2007 ; 134 : 317-20.
- (3) Moran GJ. Methicillin-resistant S. aureus infections among patients in the eergenc. N Engl J Med 2006 ; 355 : 666-74.
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