PRÈS DE 50,2 millions d'électeurs italiens sont appelés les 12 et 13 juin à se prononcer sur l'abrogation partielle de la loi sur la fécondation médicalement assistée, adoptée en 2004 et jugée très restrictive par rapport à celles de pays européens voisins. Les Italiens doivent répondre à quatre questions : faut-il supprimer les passages du texte qui font de l'embryon un être humain à part entière ? Doit-on abroger la disposition qui limite la fécondation in vitro à trois embryons et qui interdit tout diagnostic préimplantatoire ? Peut-on donner la possibilité aux couples de recourir à la fécondation hétérologue (donneur extérieur) ? Les recherches médicales sur les cellules souches embryonnaires doivent-elles être autorisées ?
L'intervention du pape.
L'Eglise catholique, qui juge que le texte de 2004 est un moindre mal, a pesé de tout son poids pour que les Italiens s'abstiennent de voter : en effet, si la participation n'atteint pas les 50 %, le résultat du référendum ne sera pas validé.
Le pape Benoît XVI a choisi le cadre d'une convention du diocèse de Rome sur la famille pour condamner toutes les formes de manipulation sur « la vie qui naît ». Sans évoquer directement l'échéance du référendum, il a invité les familles chrétiennes à défendre « l'intangibilité de la vie humaine, de la conception à son terme naturel ». Devant plusieurs milliers de prêtres et de catholiques romains réunis dans la basilique Saint-Jean-de-Latran, il a défendu l'institution du mariage et a condamné comme « contraire à l'amour humain, à la vocation profonde de l'homme et de la femme » le fait de « fermer systématiquement une union au don de la vie, et encore plus de supprimer ou manipuler la vie qui naît ». Une nouvelle fois, le pape s'en est pris au relativisme qui, « ne reconnaissant rien comme définitif, n'a comme mesure ultime que son propre moi avec ses propres désirs, et sous les apparences de la liberté devient une prison pour chacun ».
Benoît XVI a évoqué la nécessité de dispositions législatives et administratives qui puissent soutenir les familles dans leur tâche de procréation et d'éducation des enfants.
Pour la ministre de l'Egalité des chances, Stefania Prestigiacomo, militante active du « oui », le prochain objectif de ceux qui veulent faire échouer le référendum sera la révision de la loi sur l'avortement. La ministre a invité les Italiens « à avoir le bon sens de ne pas imiter les leaders politiques mais leurs épouses ». La femme de Silvio Berlusconi, Veronica Lario, d'ordinaire très réservée, a pris position en affirmant qu'elle voterait quatre fois « oui » aux questions posées. Pour sa part, le chef du gouvernement est l'un des rares dirigeants à ne pas avoir dit s'il voterait « oui » ou « non ». Barbara Palombelli, journaliste connue du « Corriere della Sera », a également indiqué qu'elle voterait quatre fois « oui » tandis que son mari, Francesco Rutelli, numéro un du parti de centre-gauche La Marguerite, s'abstiendra. « Je ne me sentirai pas moins chrétienne par ce vote, écrit Barbara Palombelli. Je suis contre la fécondation hétérologue, mais je ne souhaite pas de l'interdire à d'autres personnes. Certains des "non" d'aujourd'hui auront peut-être besoin demain d'aller à l'étranger recevoir les soins interdits en Italie », a-t-elle ajouté. Elle estime que « les autorités religieuses doivent éviter de s'immiscer dans les législations des Etats ».
Dans l'ensemble, la gauche de la classe politique votera « oui », à l'exception de Francesco Rutelli. Les principales formations de la coalition de centre-droit, Forza Italia, de Silvio Berlusconi, et Alliance nationale, de Gianfranco Fini, laissent la liberté de vote à leurs adhérents. Les chrétiens-démocrates de l'UDC sont pour l'abstention, tout comme la Ligue du Nord.
Tout en se refusant à polémiquer avec l'Eglise, le vice-Premier ministre et chef de la diplomatie italienne, Gianfranco Fini, a toutefois encouragé les Italiens à voter. « Inviter à aller à la mer et à ne pas aller à voter au référendum est une erreur à mon avis. Ce n'est pas une chose positive car il n'y a pas de doute qu'inviter à ne pas voter n'éduque pas l'opinion publique, ne la responsabilise pas, a déclaré le numéro deux du gouvernement italien. L'Eglise est contre la pilule du lendemain, contre l'avortement. Mais nous, en tant que citoyens, nous ne sommes pas invités à un acte de foi, nous vivons dans un Etat laïc », a dit le chef d'Alliance nationale. Fini, qui a affirmé qu'il voterait « oui » - sauf à la question sur la fécondation hétérologue -, a provoqué la stupeur dans les rangs de son propre parti.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature