Il est difficile aujourd’hui d’imaginer ce que fut le retentissement en 1964 des « Parapluies de Cherbourg » de Jacques Demy et Michel Legrand. Ce premier film entièrement chanté de Demy traitait le sujet sensible de la guerre d’Algérie et celui délicat des filles-mères et son esthétique, notamment le choix des couleurs, fut très controversée. Il remporta néanmoins le prix Louis-Delluc et la Palme d’or à Cannes, avant de connaître un grand succès international et de nombreuses adaptations. En janvier 2012, devant le triomphe de deux concerts de Michel Legrand avec Natalie Dessay et un orchestre symphonique, Jean-Luc Choplin proposait, pour célébrer le 50e anniversaire du film, d’aller plus loin musicalement que lors des adaptations théâtrales, réalisées avec des orchestres modestes. Mis en espace par Vincent Vittoz avec une imagination débordante et l’intelligence du moindre détail, ce spectacle a été donné deux soirs en septembre 2014 sous la direction du compositeur et fort heureusement filmé en direct. Le résultat est épatant, la simplicité et l’efficacité étant les maîtres mots de cette réalisation qui, sans jamais vouloir singer le film, se révèle comme un formidable complément et une étonnante actualisation un demi-siècle plus tard (1 DVD et 1 Blu-ray disc Erato).
Christopher Nupen est un pionnier d’un certain style de documentaire musical télévisuel de qualité. En haut de la liste, bijoux et références absolues, ses films sur Jacqueline du Pré, « la Truite » de Schubert, Itzhak Perlman et Nathan Milstein. Parmi ses dernières productions figurent deux films sur le jeune pianiste russe Daniil Trifonov, 24 ans, qui a frisé le Grand Chelem en remportant le 3e prix du concours Frédéric Chopin en 2010 et les premiers prix des concours Arthur Rubinstein et Tchaïkovski en 2011. On peut s’interroger sur l’intérêt de ces documentaires à un stade si précoce de la carrière de pianiste et de compositeur de Trifonov. L’enfant a été prodige mais pas chien savant, sa modestie est réelle et grande, il raconte simplement et timidement mais raconte bien. Nupen a l’art de poser les bonnes questions et surtout d’éclairer une personnalité intelligente, aux dons surnaturels et qui, sans être introvertie, ne se livre pas au premier venu. Seul reproche : les deux films se répètent trop. Et le concert enregistré à Castelfranco Veneto est saucissonné dans le documentaire avec des morceaux interrompus par des commentaires. Mais quel que soit le développement de la carrière de Trifonov, sur lequel on n’a guère de doutes, ces films resteront le témoignage de sa personnalité à ses débuts et du fait qu’il a été si jeune un magicien du son et un interprète privilégié de Chopin (1 DVD Allegro Films).
Gala à Londres
Le 8 mai 1995, Luciano Pavarotti participait à la soirée de gala pour le cent-cinquantenaire de la Croix-Rouge au Royal Albert Hall de Londres, en présence de la princesse de Galles. Le tenorissime avait réuni autour de son auguste personne des célébrités mondiales de sa génération, comme Piero Cappuccilli, Leo Nucci, Dolora Zajick, et d’autres plus jeunes, comme Natalie Dessay, Kallen Esperian, Nuccia Focile, Giuseppe Sabbatini, ainsi que de jeunes chanteurs, particulièrement ceux distingués par le concours de chant qui porte son nom. Dans ce récital, déjà édité en VHS et sur CD, on pourra isoler ce que Luciano Pavarotti, en particulièrement grande forme vocale, chante en soliste ou en duo. On sait gré à ce programme d’être entièrement vocal, mais tout n’y est pas du même niveau. On est certes satisfait de pouvoir entendre dans deux duos Natalie Dessay, particulièrement sobre et en parfaite forme vocale, mais quelques d’extraits d’opéras non italiens tombent à plat. La fête s’achève avec un brindisi de « la Traviata » qui regroupe l’ensemble des participants. Triomphe absolu dans l’immense Albert Hall plein comme un œuf (1 DVD Decca).
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