Dans un étrange effet « boomerang », c'est un organisme créé par la réforme Douste-Blazy qui, trois ans plus tard, instille le doute sur son efficacité. La loi du 13 août 2004 a mis sur pied une structure indépendante, le comité d'alerte sur les dépenses maladie, qui sonne le tocsin en cas de dérapage au regard des objectifs votés par le Parlement. Plus personne ne peut l'ignorer, ce comité vient de déclencher la procédure qui oblige les caisses à proposer des mesures de redressement. La dérive atteindrait deux milliards d'euros pour 2007. Dès lors, tous les acteurs (patients, médecins, pharmaciens, laboratoires…) sont sur leurs gardes, en attendant le plan d'économies de 900 millions que la caisse présentera fin juin.
Quoi qu'il en soit, l'injonction du comité d'alerte (et la nécessité de colmater les brèches alors que le plan Douste-Blazy devait précisément éviter ce genre de ravaudage comptable) apporte de l'eau au moulin de ceux qui veulent instruire le procès de la réforme de 2004. Est-elle à la hauteur des enjeux ? Les comportements ont-ils été durablement modifiés ? Ne faut-il pas changer de braquet, comme certains le pensent à l'UMP ?
Deuxième souffle.
Du côté des mutuelles, on voit déjà (re)fleurir des demandes pour réformer l'offre et la distribution des soins, en finir avec le paiement à l'acte jugé inflationniste ou cantonner la médecine spécialisée à l'hôpital. MG-France affirme que la convention de 2005 «a vidé le concept de médecin traitant de tout contenu» etabouti à une «désorganisation génératrice de déficit». Pour ce syndicat, il faut redéfinir les missions de la ville et de l'hôpital. Le Ciss (Collectif interassociatif sur la santé) appelle de ses voeux un «vaste débat public». Chacun a des idées pour réformer la réforme. Et tout le monde pose la question des recettes.
A ce jour, le gouvernement et la Cnam ont confirmé le choix de la maîtrise médicalisée. Tout en laissant entendre qu'il faudra mettre les bouchées doubles. Les accords passés, promet-on, ne seront pas remis en cause ; mais il faudra donner un nouveau souffle à la convention. En attendant, les médecins s'interrogent. Quel calendrier pour le C à 23 euros ? A quand la refonte de la grille des consultations ? Quelle évolution pour les actes techniques ? Autant de questions sans réponses.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature