D'après les résultats de l'étude ACT NOW (Actos Now for the Preventions of type 2 Diabetes), présentés par le Pr Ralph DeFronzo (San Antonio, Texas), un traitement par pioglitazone (Actos) chez les patients intolérants au glucose réduit de 78 % le passage vers le diabète.
L'INTOLÉRANCE au glucose est considérée comme une situation qui augmente singulièrement le développement ultérieur de diabète de type 2. Cet état prédiabétique se caractérise par une insulinorésistance et des anomalies de l'insulinosécrétion.
Selon les études, l'incidence annuelle de diabète dans une population présentant une intolérance au glucose varie de 2 à 12 %, soit à peu près dix fois le risque d'une population à tolérance glucidique normale. Dix pour cent des sujets intolérants au glucose ont des signes de rétinopathie diabétique et de 5 à 10 % ont une neuropathie périphérique. Ces chiffres expliquent l'importance des mesures thérapeutiques destinées à prévenir cette évolution.
ACT NOW est une étude contrôlée, randomisée, menée en double aveugle contre placebo dont l'objectif était d'évaluer, à ce stade, l'impact d'un traitement par la pioglitazone sur le développement d'un diabète de type 2. Pour être inclus dans cette étude, les sujets devaient avoir une glycémie à jeun ≥ 0,95 g/l et au moins un autre facteur de risque de diabète.
Six cents sujets intolérants au glucose ont été recrutés dans huit centres sur deux ans et suivis pendant deux ans après leur inclusion. Ces sujets (sexe masculin : 42 % ; âge moyen : 52,3 ans) avaient un indice de masse corporelle (IMC) moyen égal de 34,3 kg/m2, une glycémie à jeun et une glycémie deux heures après une charge orale en glucose de, respectivement, 1,05 ± 0,3 g/l et 1,68 ± 0,1 g/l et un taux d'HbA1c de 5,5 ± 0,01 %.
L'évolution de l'intolérance au glucose a été évaluée sur différents paramètres : test oral de tolérance au glucose, rapport insuline/peptide C, profil lipidique, marqueurs de l'inflammation, pression artérielle, épaisseur intima-média carotidienne, évaluation de la masse adipeuse par absorptiométrie (DEXA) et mesure de la sensibilité à l'insuline par administration intraveineuse de glucose et d'insuline. Ces examens ont été pratiqués dans cinq centres.
À l'inclusion dans l'étude, la sensibilité à l'insuline était réduite (Matsuda index) de 48 % (p < 0,0001) et l'index insulinosécrétion-insulinorésistance de 78 %.
Les sujets intolérants ont été randomisés pour recevoir soit de la pioglitazone, à la posologie de 45 mg par jour, soit un placebo.
Ils ont été surveillés régulièrement avec, tous les trois mois, un contrôle de la glycémie à jeun et de l'HbA1C et, une fois par an, une glycémie deux heures après une charge orale en glucose.
Une glycémie à jeun ≥ 1,26 g/l et une glycémie après charge en glucose ≥ 2 g/l marquent le passage au diabète.
Au terme de l'étude, seulement 10 sujets traités par la pioglitazone (1,5 % par an) contre 45 sujets du groupe placebo (6,8 % par an) avaient développé un diabète de type 2, ce qui représente une réduction de 78 % du taux de conversion de l'intolérance au glucose en diabète de type 2.
Dans le groupe pioglitazone, 42 % des sujets n'étaient plus insulinorésistants, contre 28% dans le groupe placebo (p < 0,005), tandis que la glycémie deux heures après charge orale en glucose diminuait de 0,28 ± 0,004 g/l dans le groupe pioglitazone contre 0,13 ± 0,003 dans le groupe placebo (p < 0,005).
Par ailleurs, l'index d'insulinosensibilité (index Matsuda, de 4,3 ± 0,4 à 7,1 ± 0,6 ; p < 0,0005) et l'index insulinosecrétion-insulinorésistance (de 3,1 ± 0,2 à 5,1 ± 0,4) se sont améliorés dans le groupe pioglitazone et sont restés inchangés dans le groupe placebo.
La prise de poids (3,9 kg contre 0,8 kg) et les oedèmes (22 % contre 15 %) ont été plus fréquents chez les patients traités par pioglitazone. Deux cas d'insuffisance cardiaque congestive ont été rapportés (un dans chacun des deux groupes). Les 13 fractures osseuses survenues au cours de l'étude (8 dans le groupe pioglitazone et 5 dans le groupe placebo) étaient toutes dues à un traumatisme.
Ainsi, chez les patients intolérants au glucose, la pioglitazone réduit de 78 % la conversion de l'intolérance au glucose au diabète de type 2 avec une amélioration de la fonction des cellules bêtapancréatiques et une réduction de l'insulinorésistance. Ces effets bénéfiques ont été associés à une bonne tolérance tout au long des quatre années de l'étude.
D'après la communication du Pr Ralph DeFronzo (États-Unis).
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