UN DES EFFETS les plus remarquables de l'exercice est peut-être son effet antidépresseur, comme l'ont montré de récentes études réalisées non seulement chez des animaux (rongeurs), mais aussi chez des patients souffrant de dépression.
Les antidépresseurs ne sont efficaces que dans environ 65 % des cas, et il existe un temps de latence avant l'amélioration Ce délai suggère qu'une adaptation neuronale ou une plasticité pourrait être requise.
Les mécanismes sous-tendant les effets antidépresseurs de l'exercice n'ont pas été élucidés.
Une équipe dirigée par le Dr Ronald Duman (université de Yale) a développé des microsondes afin d'identifier le profil des gènes régulés par l'exercice, dans l'hippocampe, région impliquée dans l'humeur et la réponse antidépressive.
L'hippocampe est très sensible aux hormones de stress, à la dépression et aux antidépresseurs, ainsi qu'à l'exercice (expression accrue des facteurs neurotrophiques et augmentation de la neurogenèse adulte).
Les chercheurs ont comparé des souris sédentaires et d'autres faisant de l'exercice (7 jours). Ils ont ainsi identifié 33 gènes hippocampiques dont l'expression est influencée par l'exercice, dont 27 identifiés pour la première fois.
Leur analyse montre que l'exercice active une cascade du signal du facteur neurotrophique (BDNF), précédemment impliquée dans l'action des antidépresseurs.
La plasticité synaptique et le métabolisme énergétique.
L'un des gènes les plus activés par l'exercice ainsi que par le signal du facteur neurotrophique est celui encodant le VGF, un facteur de croissance nerveux connu pour influencer la plasticité synaptique et le métabolisme énergétique. Ce qui en fait un bon candidat pour médier l'effet antidépresseur de l'exercice.
Les chercheurs montrent que l'administration exogène du VGF (dérivé synthétique) produit un effet antidépresseur, aussi bien chez la souris (après perfusion dans les ventricules latéraux) que chez le rat (perfusion dans l'hippocampe). Inversement, des mutations du VGF (+/-) chez la souris produisent des effets opposés.
Ces données indiquent donc que le VGF est suffisant pour produire une réponse antidépressive et qu'il est requis pour l'effet antidépresseur de l'exercice.
Cet effet pourrait être médié, selon l'équipe, par la plasticité synaptique et la neuroprotection, voire par la régulation du métabolisme énergétique.
Ce travail identifie donc le VGF comme une nouvelle cible endogène pharmacologique «qui pourrait avoir une efficacité complémentaire et peut-être même supérieure à celle des antidépresseurs chimiques», estiment les chercheurs.
« Nature Medicine », 2 décembre 2007, Hunsberger et coll., DOI : 10.1038/nm1669.
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