Lefèvre Utile : une vente gourmande

Publié le 22/05/2003
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Antioquités

En ce milieu du XIXe siècle, tout était possible, y compris de faire fortune avec un modeste gâteau sec, le premier du genre, si l'on excepte les cookies anglais.

Dès les années 1850, le couple Lefèvre-Utile invente le sigle LU et c'est leur fils Louis qui crée en 1885 le célèbre rectangle aux côtés dentelés sur lequel cinq générations de bébés se sont fait les dents, avec le look qui est toujours le sien. Le petit LU aura de nombreux petits frères et sœurs appelés gaufrettes, paille d'or, biscuit champagne, boudoir, en forme de rond, ovale, éventail, bâton, S.
À cette époque, l'atelier familial est devenu une petite usine d'une quinzaine d'ouvriers. Quinze ans plus tard, ils sont plus d'un millier à produire plusieurs tonnes de biscuits par jour ! Pour Louis Lefèvre, quantité n'est pas antinomique de qualité et c'est même là la clé principale de son succès : des produits excellents et sévèrement contrôlés.
L'autre clé : c'est une publicité imaginative, séduisante, et collant étroitement à son temps sans pour autant renier le passé : Le premier logo LU, l'ange de la Renommée embouchant une trompette pour vanter la qualité du biscuit, est longtemps conservé dans un coin, sous forme de clin d'œil en hommage au créateur.
Louis Lefèvre fait appel à Mucha et qui dit Mucha dit Sarah Bernhardt qui n'hésite pas à déclarer : « Je ne connais rien de meilleur qu'un Petit LU. Oh, si, deux Petits LU ! »
L'image du « Petit Écolier », imaginé par Firmin Bouisset, n'apparait qu'à la fin du XIXe siècle. Le panier marqué LU que porte le garçonnet est réalisé trente ans plus tard sous la forme d'une boîte lithographiée, encore une invention de Louis Lefèvre. La technique chromolithographique permet de varier le décor, donc d'inciter à la collection et de fidéliser la clientèle. Dans les années trente, on varie aussi les formes qui prennent l'aspect de mallettes, tramways et roulettes de casino dont on trouve quelques exemplaires dans la vente.
La collection comprend un peu plus de 250 numéros. Affiches, tableaux, emballages, maquettes originales, réunies par quatre générations de Lefèvre-Utile entre 1886 et 1950.
Les boîtes décorées sont estimées entre 150 et 350 euros, selon l'état et l'ancienneté, à l'exception d'un « tramway nantais » de 1901 qui en vaut plus de 2 000. L'affiche d'époque du Petit Ecolier vaut 200/250 euros et l'aquarelle originale de Bouisset est estimée 5 000/6 000 euros.
Le tableau de Mucha qui servit de modèle au calendrier de 1903 pourrait dépasser 100 000 euros. C'est le lot le plus cher de la vente. Le plus insolite, c'est la Renault VB 1906 de Louis Lefèvre-Utile, vendue dans son jus et jamais restaurée, avec ses phares à acétylène, ses stores de soie et ses sièges de cuir et modestement estimée 15 000 à 25 000 euros, une véritable pièce de musée.

Mardi 27 mai, 1 4h, Hôtel Dassault, ArtCurial et Robin-Fattori.

Françoise DEFLASSIEUX

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7340