LA FORMATION des médecins à la nutrition est un domaine émergent mais déterminant pour aborder certaines pathologies. La nutrition est en effet devenue l'un des domaines majeurs d'intervention du médecin généraliste, dont les conseils alimentaires font désormais partie d'une prescription complète et réussie. Or la formation initiale dans ce secteur est nettement insuffisante : ce dernier doit se forger sa propre opinion, anticiper l'évolution et se former de manière pratique.
C'est tout l'intérêt des rencontres de la Prescription Nutrition, qui s'inscrivent dans un contexte qu'il n'est pas inutile de rappeler : les maladies cardio-vasculaires représentent l'un des fléaux du XXIe siècle et sont, à ce titre, un enjeu crucial de santé publique. Vieillissement de la population, alimentation déséquilibrée, sédentarité, hypertension, tabagisme ou terrain génétique défavorable… les causes des maladies cardio-vasculaires sont nombreuses et connues. Et pourtant, leur développement est endémique. Aujourd'hui, en France, presque un tiers des décès des femmes et plus d'un quart des décès des hommes leur sont imputables. On prévoit même une hausse de 50 % du nombre de cas d'insuffisance cardiaque et d'infarctus au cours des 25 prochaines années si rien n'est fait.
En outre, derrière l'ensemble des maladies cardio-vasculaires générées par une mauvaise hygiène de vie se cachent plusieurs pathologies métaboliques qui favorisent leur développement, parmi lesquelles certaines sont en particulière expansion : l'obésité et le diabète de type 2.
Le sacre des compléments alimentaires.
Durant trois jours, l'espace Nutria a donc permis aux médecins généralistes d'actualiser leurs connaissances et de partager leurs expériences grâce aux seize conférences et aux huit ateliers interactifs qui leur ont offert la possibilité de rencontrer les experts et les professionnels du secteur et d'avoir ainsi une prescription nutrition efficace et écoutée. Pour la première fois, des acteurs de la grande distribution (Intermarché, Picard…) et de nouveaux exposants (Carte Noire ou Bonduelle…) sont venus côtoyer Nestlé Waters ou Weight Watchers, ou encore les spécialistes de la nutrition médicale comme Novartis Nutrition, qui développe et distribue une vaste palette de préparations nutritionnelles médicales et de matériel technique destiné à la nutrition entérale.
Parmi les nouveautés, on retiendra essentiellement l'intégration d'un Village des compléments alimentaires, avec le soutien de la Fédération française de la diététique, du Synadiet (Syndicat national des fabricants en produits diététiques, naturels et compléments alimentaires) et de « Nutri'form Magazine ». C'est dire si Nutria sait s'inscrire dans les signes du temps : en effet, les compléments alimentaires ont maintenant un statut européen. L'action physiologique qui leur a été reconnue en fait des produits incontournables dans le domaine du bien-être de nos concitoyens. Au côté de l'alimentation saine et des médicaments, les compléments alimentaires visent aujourd'hui à occuper la place qui leur revient dans une politique globale de santé publique. Au reste, de nombreux Etats membres de l'Union européenne ont déjà intégré les compléments alimentaires dans leur démarche de prévention des facteurs de risque.
Informer, agir et soutenir.
Nutria aura également été l'occasion de mesurer l'enjeu sociétal que constitue l'évolution des comportements alimentaires via la multiplication des fondations qui leur sont dédiées. La Fondation Louis Bonduelle par exemple, avec laquelle les congressistes ont pu dialoguer, a été créée en 2004 à cet effet. Plaçant les légumes et leurs bienfaits au centre de son action, elle oeuvre sur le long terme, dans un cadre international, avec la volonté affichée d'aller plus loin que les discours d'intention générale en donnant à tous des moyens efficaces, pratiques et souvent inédits de faire entrer les légumes dans leur quotidien.
Son programme s'articule autour de trois piliers : informer et sensibiliser, agir sur le terrain, soutenir et aider la recherche. A ce titre, elle récompense chaque année le travail d'une jeune chercheuse d'un prix de 10 000 euros, et est cofondatrice de la fondation Coeurs et Artères, qui finance des projets de recherche sur les maladies cardio-vasculaires et les maladies métaboliques associées.
Reconnue d'utilité publique, la fondation Coeurs et Artères s'est engagée dans un vaste programme de recherche visant à renforcer le socle des connaissances scientifiques et médicales nécessaires à la mise au point de stratégies de soins et de prévention plus efficaces : innovations thérapeutiques, développement des aliments santé, nouveaux programmes d'éducation physique et nutritionnelle pour la santé cardio-vasculaire.
Sa mission consiste à dynamiser les coopérations entre recherche et industrie en impulsant, par le biais d'appels à projets, puis en soutenant financièrement des programmes de recherche et de prévention. Ces derniers répondent à la fois à ces enjeux de santé publique et à des besoins stratégiques pour les entreprises concernées par le développement de ces maladies : industrie pharmaceutique, biotechnologies, agroalimentaire, grande distribution, assurance-santé, restauration collective, sport…
La prise en charge globale du diabète.
Cette année aura aussi été résolument placée sous le signe de la diététique avec la présence de la Fédération française éponyme et, surtout, les différents ateliers et conférences organisés par l'ADLF (Association des diététiciens de langue française) autour des pratiques professionnelles.
A commencer par l'exemple du réseau CARAMEL – Cher association réseau d'aide aux malades diabétiques et d'éducation locale – qui a vu le jour en janvier 2002 dans le Cher, et dont la mission est de faciliter l'accès des personnes diabétiques à une éducation thérapeutique réalisée par des professionnels formés à la prise en charge du diabète.
Le thème de l'insulinothérapie fonctionnelle a également été abordé via l'expérience de l'Hôtel-Dieu qui organise pour les patients des séances comportant une partie explicative des « travaux pratiques » à réaliser à la maison, et une partie analyse des résultats des exercices de la semaine précédente.
L'objectif est ici d'améliorer le contrôle métabolique, de diminuer le nombre et la gravité des hypoglycémies, d'assouplir les contraintes alimentaires et de favoriser une meilleure adaptation à l'activité physique.
L'atelier consacré au diabète des adolescents a, eu lui, eu pour objet de présenter et de commenter le parcours d'un jeune patient diabétique de type 1 à l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul depuis la découverte de sa maladie jusqu'au suivi trimestriel et annuel. Lors de cet atelier, différents sujets ont été évoqués, dont l'insulinothérapie fonctionnelle simplifiée adaptée aux lycéens, le surpoids et l'adolescence, et les conséquences d'une mauvaise alimentation chez les adolescents diabétiques.
Bref, le diabète et la nutrition auront été au coeur des interventions de l'ADLF dont le message semble avoir été clairement entendu : l'éducation thérapeutique nutritionnelle des patients, aspect essentiel de la prise en charge globale du diabète, doit être réalisée par des professionnels parfaitement informés et formés dans tous les domaines de la nutrition.
L'Atelier Cuisine ou l'art culinaire en direct
Pendant les trois jours de Nutria, les congressistes sont venus en nombre pour assister aux démonstrations culinaires de chefs professionnels comme Charles Soussin, restaurateur reconverti à l'enseignement et adepte d'une cuisine légère, fraîche et créative, et David Van Laer, connu pour ses nouvelles cuisines du terroir. Ils ont pu, parallèlement, écouter les conseils de Magali Cros-Roig, diététicienne, sur la préparation des plats, les ingrédients utilisés et les ustensiles recommandés.
A l'heure du déjeuner, ils ont ainsi goûté et apprécié les valeurs nutritionnelles des « Fous de pommes de terre », des rillettes de lapin ou de saumon, ou encore d'une charcuterie équilibrée « en trois tours de main ».
Des fiches pratiques de recettes diététiques simples ont été mises à leur disposition pour les guider vers une alimentation saine et équilibrée.
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