PETIT abécédaire des auteurs qui ont retenu notre attention.
« Deux personnages sur un lit avec témoins » d' Alain Absire (Fayard, août) est un récit de passion dramatique entre un grand peintre contemporain et un jeune voyou londonien. Le « Rendez-vous » que nous donne Christine Angot (Flammarion, août) est, avec elle-même, à propos de sa rencontre et de sa passion avec un acteur, prétexte à divergences sur l'amour, l'art, la littérature, le cinéma. Dans « Un pont d'oiseaux » d' Antoine Audouard (Gallimard, août) nous fait partager les affres d'un correspondant du journal des troupes françaises en Extrême-Orient en 194O, qui éprouve une même répulsion pour le colonialisme français et pour le communisme Viêt-minh. Retour à l'amour avec Christian Authier et « Une si douce fureur » (Stock, août), où le narrateur retrouve, six ans après, la femme qui, selon lui, était celle de sa vie.
Si le cœur vous en dit, suivez Patrick Besson dans sa quête éperdue de la star, puisque, d'après lui, « Marilyn Monroe n'est pas morte » (Mille et Une Nuits, septembre). Ou frémissez en pénétrant, sous la houlette de Michel Braudeau, dans les coulisses d'un grand quotidien du soir où une stagiaire est prise en étau entre les avances de son chef et une autre stagiaire aux dents longues, qui mènent la « Sarabande » (Gallimard, août).
Pour certains, l'Histoire est un perpétuel recommencement, souligne Raphaël Confiant dans « Nègre marron » (Ecriture, septembre), dont le héros a connu, depuis le VIIe siècle et de siècle en siècle, les premiers esclaves, les plantations sucrières, l'abolition de l'esclavage, les premières grèves et, aujourd'hui, l'immigration clandestine.
Retour vers le futur, en 2070, avec Maurice G. Dantec qui, un an après « Cosmos Incorporated », publie « Grande Jonction » (Albin Michel, août), un récit dans lequel quelque chose se sert du néant laissé par la Métastructure pour détruire l'homme, cette fois en attaquant le langage qu'elle convertit en langage numérique. Un bond dans le passé, au XVII siècle, avec Michel del Castillo qui nous conte l'histoire de « la Religieuse de Madrigal » (Fayard, septembre), Ana de Jésus, fille de Maria de Mendoza et du fils naturel de Charles Quint, Don Juan d'Autriche, qui s'oppose à son oncle l'empereur Philippe II, en refusant de prononcer ses vœux. A déguster, le dernier ouvrage d' Agnès Desarthe, « Mangez-moi » (L'Olivier, août) ou les tribulations d'une jeune femme rebelle et paumée dans sa tentative désespérée d'ouvrir un restaurant. Pour les inconditionnels, signalons le « Doggy Bag : saison 3 » de Philippe Djian (Julliard, octobre). Quant à Benoît Duteurtre, il se livre dans « Chemins de fer » (Fayard, août) à une charge contre la modernité par l'entremise de la directrice d'une agence de communication qui constate avec horreur que tout ce qu'elle fuit de Paris commence à envahir son refuge vosgien.
Imperturbable, Max Gallo publie les troisième et quatrième tomes de sa saga « les Romains » (Fayard, septembre et octobre). Fort de son prix Goncourt 2004, Laurent Gaudé s'empare, dans un livre au titre explicite, « Eldorado » (Actes Sud, août), du problème de l'immigration clandestine. Alain Gerber poursuit, quant à lui, son évocation des grandes figures du jazz et s'intéresse à « Paul Desmond et le côté féminin du monde » (Fayard, octobre). Alors que l'on attend avec intérêt, après le succès de « Kiffe kiffe demain » paru en 2004, la sortie du deuxième roman de Faïza Guène, « Du rêve pour les oufs » (Hachette Littérature, août).
De son côté, Marek Halter revisite dans « Marie » (Robert Laffont, octobre) le plus grand mythe du monde chrétien et dévoile la part inconnue du personnage : la jeune fille avant la mère. Retour en France, dans un village du sud de la Drôme, où Isabelle Hausser situe « la Flèche du temps » (éditions de Fallois, août), un questionnement sur le deuil et la vie qui continue pour les autres par trois personnages confrontés chacun à la mort d'un proche.
Prix du livre Inter et Goncourt des lycéens en 1996, grand prix des Lectrices de « Elle » en 1998, Nancy Huston témoigne, par la voix de quatre enfants de 6 ans dont chacun est le parent du précédent, de la violence et de la barbarie du monde durant le demi-siècle qui vient de s'écouler.
A ne pas manquer, le nouvel ouvrage de l'écrivain algérien Yasmina Khadra, « les Sirènes de Bagdad » (Julliard, août), qui montre comment un jeune villageois, échoué à Bagdad déchirée par la guerre civile, devient une proie rêvée pour les islamistes radicaux.
Lauréate du prix Femina pour « Dans ces bras-là », Camille Laurens, dans « Ni toi ni moi » (P.O.L., août), parle d'amour, ou plutôt d'une relation où l'amour bascule presque aussitôt en désamour et en indifférence.
Laurent Mauvignier, prix du livre Inter en 2001 pour « Apprendre à finir », revient, en s'attachant à des voix anonymes, sur le drame du stade Heysel en 1985, dans un impressionnant « Dans la foule » (Minuit, septembre).
On ne conçoit plus depuis longtemps une rentrée littéraire sans Amélie Nothomb, et c'est très bien ; sa cuvée 2006 s'intitule « Journal d'hirondelle » (Albin Michel, août) et a pour thème la conversion d'un jeune homme en tueur à gages, après un chagrin d'amour qui l'a rendu insensible.
Même régularité de parution avec Jean d'Ormesson, qui nous fait le grand jeu de « la Création du monde » (Robert Laffont, octobre).
Toujours solidaires dans l'écriture, les frères Poivre d'Arvor, Olivier et Patrick, nous amènent dans « Disparaître » (Gallimard, août) sur les traces de Lawrence d'Arabie, à partir de la route du Dorset où, en mai 1935, il fut victime d'un accident de moto.
Ce n'est pas un, mais quatre courts récits ou contes que donne Pascal Quignard en cette rentrée, prévus en septembre chez Galilée : « l'Enfant au visage couleur de la mort », le dernier regard d'une vieille femme sur ce qui fut sa vie, « Ethelrude et Wolframm », où les héros s'interrogent sur les émotions humaines, « le Petit Cupidon », le récit d'une relation amoureuse, et « Triomphe du temps : quatre contes ».
Toujours inspiré par l'Histoire, le prix Goncourt Patrick Rambaud - en 1997 pour « la Bataille » - raconte dans « le Chat botté » (Grasset, août) l'irrésistible ascension d'un jeune homme de 25 ans, un général en disgrâce qui monte de Marseille à Paris au printemps 1795 : Napoléon avant qu'il ne soit Napoléon. Mystère et dépaysement sont au programme du « Magicien » de Rezvani (Actes Sud, août), lorsque le fils d'un magicien célèbre auquel est consacré un congrès au Tibet se révèle être non pas un héritier spirituel, mais un sceptique. Entre médecine et superstitions, à la fin du XIXe siècle dans le nord de l'Angleterre, « l'Ombre des autres » de Nathalie Rheims (Léo Scheer, août) a pour héroïne une disciple du Pr Charcot débordée par des groupes spirites et des phénomènes inexplicables. Toujours nostalgique, Jean-Marc Roberts s'attache, dans « Cinquante ans passés » (Grasset, août), aux retrouvailles d'un trio de condisciples du lycée Carnot vieillissants.
Une rencontre au sommet est le thème de « Alexandre et Alestria », le dernier Shan Sa (Albin Michel, août), entre Alexandre le Grand et la reine des Amazones, alors au faîte de leur pouvoir, mais tous deux marqués par une enfance toute de violence et de tuerie. Morgan Sportès a choisi, lui, le genre du thriller et les mésaventures d'un ancien mao - le récit se passe après le sommet d'Helsinki de 1975 et s'intitule « Maos » (Grasset, août) - pour dévoiler les dessous de la politique internationale des années 1960 et 1970, dont les magouilles des services secrets.
Autre pied de nez, signé Denis Tillinac, qui, dans « Je nous revois... » (Gallimard, août), raconte comment un écrivain assez obscur, parce qu'il se découvre natif d'Aurillac comme le président d'une grande agence de communication française, se retrouve bombardé conseiller spécial chargé du développement du groupe au Proche-Orient !
Marc Trillard s'est, lui, inspiré d'un fait réel : le parcage des Tziganes sur un parking, durant l'été 2003, par une municipalité du sud de la France, pour montrer dans « De sabres et de feu » (Le Cherche Midi, août) la richesse de la culture des gens du voyage.
A comme amitié, A comme Amour, A comme actrice : ce sont les trois composantes de « Un film avec elle » de Frédéric Vitoux (Fayard, septembre), dans lequel deux vieux amis, l'un écrivain, l'autre cinéaste, unissent leurs talents pour séduire une comédienne.
Et pour terminer dans une grande envolée, signalons la (science)-fiction de Bernard Werber, « le Papillon des étoiles » (Albin Michel, octobre) où un jeune ingénieur en aéronautique conçoit, alors que la Terre court à sa perte, un gigantesque papillon céleste et y embarque quelques hommes et le matériel nécessaire à leur survie, ailleurs.
> MARTINE FRENEUIL
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