La santé en librairie
Des femmes philobates sous le regard du psy
Etes-vous ocnophile ou philobate ? Les héroïnes de Catherine Reverzy méritent à première vue d'être résolument rangées parmi les philobates, autrement dit parmi les sujets dont la sécurité de base a été assez solidement installée pour les pousser loin des sentiers battus, vers les coins les plus reculés, les plus dangereux, les plus élevés ou les plus profonds du globe terrestre. Grâce à cette heureuse disposition d'esprit, les aventures de ces femmes qui ont pour nom Priscilla Telmon, Laurence de la Ferrière, Chantal Mauduit, Jacqueline Auriol et tant d'autres encore, ont de quoi faire rêver les ocnophiles, prudemment accrochés à leur base, et leur permettre de découvrir bien des mondes inconnus.
Catherine Reverzy a rencontré et interrogé quelques-unes de ces femmes à la recherche de l'extrême, exploré la vie de quelques-unes de celles qui ont disparu. Ce qui vaut au lecteur, plongées dans le monde des Himbas ou dans celui des profondeurs océaniques, chevauchées parmi les cow-boys, terreurs et épuisement en plein Atlantique, froidures arctiques ou montagnardes, scènes de guerre avec appareil photo, folles escalades, franchissement de mur du son.
Mais l'auteur, psychiatre « de formation psychanalytique », ne s'intéresse pas seulement à l'aventure, fût-elle féminine, c'est-à-dire encore plus surprenante de la part d'une espèce volontiers destinée à une vie sédentaire. Elle voudrait aussi comprendre ce qui mène ces femmes vers de tels extrêmes. Alors elle cherche, dans leur enfance, dans leurs propos actuels, ce qui peut expliquer les choix de ces femmes, « sportives, libres, intelligentes et curieuses d'elles-mêmes ».
Une sécurité de base
Elle a aussi exploré les discours psy et surtout psychanalystes, à la recherche d'explications plus globales. C'est ainsi qu'elle évoque le développement du jeune enfant et l'acquisition de cette sécurité de base dont la solidité fera les philobates, même si un brin d'ocnophilie semble indispensable à qui veut survivre. C'est aussi l'occasion d'analyser les ressorts de l'agressivité et de la peur, de s'interroger sur la mort, la survie et la vie aux limites, de partager le « sentiment océanique » qui saisit les aventurières au plus fort de leur aventure et qui « nous rend conscient de la splendeur du monde ».
Sans doute ne trouvons-nous plus ces femmes d'aventure tout à fait aussi « inconvenantes » en ce début de XXIe siècle que nos grand-parents auraient pu le faire. Il n'en reste pas moins que leurs exploits restent des « créations » qui imposent « une longue fuite réussie de toutes les conventions vers la réalisation de soi dans une uvre ».
« Femmes d'aventure », Catherine Reverzy, éditions Odile Jacob, 328 pages, 19,82 euros (130 F).
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