DEPUIS le début du XXIème siècle, une nouvelle école de pianistes de jazz est en train d'éclore. Une école qui puise, au niveau du style, dans le post-Bill Evans et Keith Jarrett mais aussi dans les rythmes hip hop. Dernier venu dans le genre, Robert Glasper. A 26 ans, le jeune homme, élevé à Houston au Texas, influencé par McCoy Tyner, Herbie Hancock, Chick Corea et, bien sûr, Keith Jarrett, a fait ses premières armes avec Kenny Garrett, Roy Hargrove, Terence Blanchard et les chanteuses Carmen Lundy ou Carly Simon, avant se se lancer dans une aventure personnelle en trio.
« Canvas » (Blue Note/EMI), son second CD comprenant neuf compositions personnelles sur dix, est un condensé des assimilations de styles engrangés par le leader depuis ses premières expériences. Avec comme invités le saxophoniste-ténor Mark Turner et le vocaliste Bilal, Robert Glasper a réussi un album aux riches palettes rythmiques, qui pourrait bien le placer dans le peloton de tête des claviéristes (1).
Baptiste Trotignon est un pianiste qui aime les défis. Révélation française aux Victoires du Jazz 2003, le jeune prodige âgé de 31 ans, s'épanouit dans le piano en solo. Après un premier CD en 2003, suivi d'un autre en quartette au début 2005, il récidive avec « Solo II » (Naïve).
Cet album, agrémenté d'un DVD enregistré en direct en 2003 à « Piano aux Jacobins » et d'un entretien, montre parfaitement le chemin parcouru par le virtuose depuis deux ans, aussi bien techniquement qu'au niveau des idées, des climats et des couleurs. Une authentique perle (2).
Frank Amsallem passe plus de temps aux Etats-Unis qu'en France. Mais comme beaucoup d'expatriés, il a deux amours, comme le prouve son dernier opus, « A Week in Paris » (Nocturne), sous-titré « A Tribute to Strayhorn ». Eminence grise de Duke Ellington, Billy Strayhorn aimait l'Hexagone et le retranscrivait sur ses partitions. Afin de restituer au mieux ce jazz immortel, le pianiste a fait appel à d'autres musiciens qui passent leur temps entre New York et Paris - Rick Margitza (saxe-ténor), Elisabeth Kontomanou (chant), Darryl Hall (contrebasse) notamment ou encore Stéphane Belmondo (trompette) - pour évoquer avec maestria et vénération un compositeur inventif, prolifique et d'une très grande sensibilité.
Dans le concept classique piano-basse-batterie, il y a « trio » et « trio ». Les trois compères du groupe « The Bad Plus » - Ethan Iverson (piano), Reid Anderson (basse) et David King (batterie) - appartiennent à la catégorie des « révolutionnaires » du trio. Là où d'autres se laissent enfermer dans les conventions et les post-quelque chose, eux bousculent les idées reçues et la hiérarchie.
« Suspicious Activity ? » (Columbia/Sony Music/BMG), leur nouveau CD, s'installe d'entrée dans ce jeu de massacre musical. Déroutant, décoiffant, déboussolant, puisant aux sources du jazz pour le phrasé et du rock pour les rythmes, le trio, qui s'exprime sur des compositions originales, explore des horizons inattendus, insoupçonnés mais très ingénieux, car d'une grande ouverture. Une musique libre et débarrassée des conventions.
(1) Paris - Sunside (01.40.26.21.25 - www.sunside-sunset.com) - 21 & 22 novembre - 21 h.
(2) Paris - Salle Gaveau - 23 novembre - 20 h 30.
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