L 'ENFANT de 2 ans est-il un élève ? Cette question permet de s'interroger sur l'accueil de cette tranche d'âge. La ville de Clichy-sous-Bois (93) a organisé ce premier colloque sur le sujet.
La crèche à 8 mois, une utopie ? L'école à 2 ans, pour qui ? Un peu de halte-garderie au milieu, pourquoi ? Une mère libre de choisir quand ? Et un père présent où ? La personnalité de l'enfant, son identité, son bien-être, son développement et son éducation constituent un champ de travail pour les parents, les professionnels et les psys. Dans une ville comme Clichy-sous-bois, confrontée à une population jeune et en grande partie migrante, les expériences enrichissent le débat.
Il était une fois « un ordre ancien où l'interdit se définissait par toute forme de collectivité ou d'éducation précoce. On excluait jusqu'au début du XIXe siècle toute idée d'intervention dans les familles », raconte Frédéric Dajez, historien et professeur à Paris-XII. Les directives naturelles imposaient seulement le maintien de l'ordre familial. Le début de la révolution industrielle et sa cohorte de main-d'œuvre, qui envahit les faubourgs des villes, légitiment une nouvelle forme de tutelle. Le public, qui a besoin de structures d'accueil collectives, est pauvre et mal éduqué. Les mères sont de mauvais exemples pour leurs enfants.
On installe donc les petits sous la protection de bonnes-dames patronnesses qui inventent « le premier système de pédagogie collective ». La conduite des enfants est monitoriale. Un programme d'instruction et d'éducation minimum est élaboré pour les enfants de 2 à 6 ans.
Au début du XXe siècle naît l'école maternelle. L'organisation du système, les rythmes quotidiens et la pédagogie sont modifiés. Le regroupement des enfants par âge se diversifie en sections : petits, moyens et grands. La structure s'ouvre à tous les milieux et permet un mélange social en offrant la même chance à tous.
Aujourd'hui, la question de l'école à 2 ans modifie à nouveau la donne. « L'école maternelle est en pleine mutation. Il s'agit de repenser ses méthodes et ses pouvoirs », ajoute l'historien.
L'accueil en section des tout-petits (2 ans) présente d'immenses difficultés. La première réflexion s'engage sur la définition du terme accueil. « Donner aux deux-ans l'accès aux structures collectives, est-ce les préparer à l'école maternelle, ou est-ce les accompagner dans une séparation facilitée d'avec la mère ? », interroge Claudie Cheboldaeff, directrice d'une école d'éducatrices de jeunes enfants, et impliquée dans une petite structure d'accueil, Halte Accueil .
Le reproche souvent fait à l'école est justement de ne pas répondre à la demande d'accueil de l'enfant et de sa mère. L'école maternelle conduit à une séparation brutale qui ne convient pas à l'âge de l'enfant. En parallèle, les quelques expériences faites en école maternelle sur l'accueil des tout-petits montrent aussi les facultés du système scolaire. Il favorise l'adaptation des enfants non francophones en leur offrant un univers linguistique qui les prépare mieux à l'insertion sociale. « L'important, explique une maman burkinabé, est d'offrir à l'enfant les moyens d'adaptation au nouveau système, tout en gardant la richesse de ses racines, langue et culture. » Empêcher la naissance des peurs et offrir une ouverture : l'idéal.
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