Fleurons les plus beaux du parc hospitalier, les CHU, dont les responsables administratifs et médicaux se réunissent aujourd'hui à Nice pour débattre de leur place dans l'Europe (1), n'ont plus aussi fière allure qu'au moment de leur création, il y a quarante-cinq ans.
Leur santé financière, comme celle des hôpitaux de moindre envergure, est mauvaise. Leurs médecins ont pour beaucoup perdu de leur superbe et ne sont plus les « mandarins » qu'ils étaient par le passé - parfois même, ils n'existent pas (il y a des postes vacants en CHU comme en centres hospitaliers). Leurs bâtiments sont très souvent vétustes, rarement aux normes. Les infirmières ne se pressent plus à leurs portes pour y travailler.
La liste des maux est longue, presque à la mesure du gigantisme de ces hôpitaux-paquebots aux triples missions de soin, d'enseignement et de recherche que sont les CHU. Trente et un établissements étalés sur 3,5 millions de m2, employant plus de 235 000 agents et près de 37 000 médecins, dépensant chaque année plus de 16,5 milliards d'euros - soit plus du tiers du budget dévolu à l'ensemble des hôpitaux publics ; et un tiers de ce tiers est englouti par la seule Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).
Autant admirés et jalousés (les bonnes places y sont chères) qu'honnis, les CHU sont peut-être arrivés à une croisée de chemins. Ils attendent les effets bénéfiques que pourra avoir pour eux le plan « Hôpital 2007 » du ministre de la Santé, Jean-François Mattei. Car, dans ce programme, tout ce qui concerne la relance de l'investissement - les hospitalo-universitaires auraient besoin de 4,4 milliards d'euros uniquement pour faire dans leurs bâtiments les travaux qui s'imposent -, la tarification à l'activité (avec un soutien à part prévu pour les activités et les molécules très coûteuses), la rénovation des modes d'achat des hôpitaux publics, la modernisation de la gestion interne des établissements... aura des répercussions importantes dans les CHU. Et, avec « Hôpital 2007 » toujours, il pourrait y avoir du neuf en matière de développement de l'innovation, de recrutement des chercheurs et des enseignants, de renforcement de la dimension régionale et interrégionale des CHU, puisqu'un « groupe projet », dirigé par trois professeurs (Daniel Jaeck, Dominique Ducassou et Benoît Leclercq), est en train de réfléchir à ces « spécificités » hospitalo-universitaires.
D'une manière ou d'une autre - tous les violons ne sont pas accordés sur le fond, et les Prs Philippe Even et Bernard Debré, dans leur dernier ouvrage, ne sont pas toujours du même avis que le Pr Dominique Grimaud, qui préside la conférence des présidents de CME de CHU (voir ci-dessous) -, il faut agir en tout cas pour remettre à flot un navire qui prend l'eau. Un simple colmatage ne suffira pas. Les médecins ne s'en contenteront pas, dont un cinquième, ainsi que l'a montré une enquête de l'Académie de médecine il y a deux ans, sont prêts à quitter leur forteresse-CHU et à rallier le secteur libéral.
(1) Les 8es Assises hospitalo-universitaires sont réunies aujourd'hui et demain à Nice, à l'initiative des doyens des facultés de médecine et des conférences des directeurs et des présidents de CME de CHU.
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