Alors que dans d'autres pays européens l'échographie articulaire est utilisée depuis longtemps en rhumatologie, elle était cantonnée en France à la médecine du sport, notamment pour l'étude des tendons. Le nombre d'échographistes compétents en rhumatologie était très limité. En témoigne la mise en place très récente du premier diplôme universitaire d'échographie de l'appareil locomoteur spécifiquement rhumatologique (voir encadré). L'échographie représente pourtant, en rhumatologie comme dans d'autres spécialités, un outil précieux, complément direct de l'examen clinique. Son innocuité, sa facilité d'utilisation, son faible coût sont autant d'avantages.
En pratique, l'échographie articulaire apporte des informations importantes dans le cadre des maladies inflammatoires et tout particulièrement de la polyarthrite rhumatoïde (PR).
Repérer des synovites débutantes
Première indication : le diagnostic précoce de la maladie avant l'apparition de lésions articulaires à la radiographie. L'examen clinique recherche par la palpation une inflammation au niveau des articulations douloureuses. L'échographie le complète ; elle permet de mettre en évidence l'existence d'une synovite. Une étude a montré que, en cas de suspicion de PR sans signes radiologiques, l'examen clinique a détecté une synovite dans 22 % des cas, l'échographie dans 53 % des cas. L'IRM est apparue moins performante puisqu'elle n'a permis de faire le diagnostic que dans 41 % des cas. Une autre étude a porté sur 100 patients atteints de PR, dans le groupe dont la maladie évoluait depuis moins d'un an, l'échographe a identifié six fois plus de lésions articulaires que la radiographie, chez 7 fois et demie plus de malades. A l'heure où l'on sait que le traitement de la PR doit être institué le plus précocement possible, l'apport de l'échographie apparaît donc fondamental.
Evaluer l'activité de la maladie
Le deuxième intérêt de cet examen est de quantifier l'activité de la maladie. La prise en charge est en effet intimement liée à ce critère. L'échographie permet de compter le nombre de synovites et d'apprécier l'importance du volume liquidien. Elle est associée au Power Doppler qui, lui, visualise la vascularisation de la synoviale, autre élément important pour évaluer l'activité de la maladie. L'échographie offre également la possibilités de suivre l'évolution sous traitement, en pratique clinique, comme dans les essais thérapeutiques, qui gagnent ainsi en objectivité. L'efficacité thérapeutique est repérée plus tôt par l'échographie que par l'examen clinique.
Un examen dynamique
Cet examen commence également à être utilisé dans notre pays dans la spondylarthrite ankylosante. Les quelques études disponibles mettent en évidence son intérêt dans l'évaluation de l'évolutivité de la maladie. Rappelons enfin que l'échographie est largement utilisée dans la pathologie tendineuse et de façon générale en médecine du sport. Par rapport au scanner ou à l'IRM, outre sa mobilité et son moindre coût, elle présente l'avantage de pouvoir réaliser un examen dynamique. La mobilisation de l'articulation atteinte permet de mieux repérer les lésions des tendons.
D'après un entretien avec le Pr Pierre Bourgeois, hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature