Installée le 17 septembre dernier par les ministres du Travail, de l'Environnement et de la Santé, la commission d'orientation du plan national santé-environnement, qui regroupe 22 experts, a pour mission de réaliser un diagnostic sur la santé environnementale en France et de proposer des orientations et priorités d'action. Le champ visé est celui de l'effet sur la santé humaine des agents physiques, chimiques et biologiques présents dans les lieux de vie : environnement général, habitat et lieu de travail. Avant la publication du rapport définitif, en février prochain, l'Agence française de sécurité sanitaire environnementale (AFSSE) présente cette semaine un rapport d'étape dans lequel sont présentées les premières conclusions.
La commission a dégagé six priorités d'ordre général.
- Rationaliser le système d'information et d'alerte en santé environnementale. Selon la commission, ce système devrait être placé sous un pilotage national unique. L'objectif est de mettre en relation des indicateurs sanitaires avec des indicateurs environnementaux, de développer la veille scientifique en santé environnementale et d'améliorer les dispositifs d'alerte.
- Harmoniser et systématiser la démarche d'évaluation des risques. Cette harmonisation passe par l'élaboration de guides méthodologiques standardisés, par le développement de travaux toxicologiques et épidémiologiques, mais aussi par un rapprochement des instances existantes.
- Développer la recherche en santé environnementale. Il s'agit de structurer ce champ de la recherche en organisant la pluridisciplinarité par le lancement de programmes incitatifs ambitieux.
- Développer l'expertise en santé environnementale. La commission souligne qu'il est urgent de renforcer la position française dans les comités d'experts européens et de créer des pôles d'expertise régionaux, au sein des CHU. Des budgets hospitaliers fléchés sont nécessaires pour le recrutement de personnels et le fonctionnement des structures.
- Sensibiliser et former les professionnels de l'éducation, de la santé et de l'environnement, les parties prenantes et le grand public. Le but est de comprendre et d'intégrer la relation santé-environnement dans les pratiques. Les objectifs et les modalités de formation sont à adapter aux différents publics cibles, dans le cadre de la formation initiale ou continue.
- Développer une discipline spécialisée en santé environnementale, à l'instar de la médecine et santé du travail. Cette discipline rassemblerait des connaissances cliniques, toxicologiques, épidémiologiques, physiopathologiques, biologiques, sociologiques économiques et juridiques ainsi que de gestion des risques.
Huit thèmes
La Commission a également retenu huit thématiques prioritaires « en raison de la gravité des effets possibles, du nombre de personnes potentiellement exposées et des moyens d'actions envisageables ».
- Les décès liés à des infections/intoxications aiguës : légionelloses (en 2002, 1 021 cas de légionellose ont été déclarés et 13 % sont décédés) et intoxications oxycarbonées (en 2000, 961 circonstances d'intoxication ont été signalées, impliquant 3 666 personnes), ainsi que les décès liés à des conditions climatiques extrêmes (14 802 décès surnuméraires en août 2003) et ceux dus à la pollution atmosphérique urbaine (le nombre de décès anticipés qui pourraient être évités est estimé aujourd'hui à 1 834).
- Cancer et environnement (en 2000, le nombre de nouveaux cas de cancer a été estimé à près de 280 000. La mortalité par cancer est, en France, environ 20 % plus élevée que dans le reste de l'Europe).
- Maladies allergiques, notamment respiratoires, et environnement (de 20 à 25 % de la population générale française présente un terrain atopique).
- Reprotoxicité et environnement.
- Neurotoxicité et environnement.
- Bruit et risques pour la santé (la surdité occupait, en 2001, le 3e rang des maladies professionnelles indemnisables).
- Ressources en eau et risques pour la santé.
- Habitat et risques pour la santé.
Sur la base du rapport final, le gouvernement doit arrêter au printemps 2004 un plan national santé environnement. A cette occasion, il fixera les objectifs et les actions prioritaires pour les cinq ans à venir.
Rapport disponible sur www.afsse.fr.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature